On ne parle que de gilets jaunes, de
désinformation, de manipulation. Qu'en est-il réelllement ? Nul ne
le sait. Chacun voit le mouvement, ou plutôt l'immobilisation à
l'aune de son propre vécu. D'aucuns voit une liberté individuelle
qui se cherche (je suis de ceux-là), d'autres une injustice à
rétablir de toute urgence, certains y voient une traîtrise de leurs
dirigeants, d'autres encore une innacceptable violence.
Je crois que personne n'a tort, et que
ces regards croisés nous montre une réalité plus profonde, dans la
subtilité, qui s'exprime par les actions ou réactions visibles de
tous.
Est-il vraiment possible d'accéder à
ce qui fait de nous ce que nous sommes, ce que nous agissons, ce que
nous pensons ? Cela se résumerait très simplement en le fait
d'accéder à nos profondeurs inconscientes. En chacun d'entre nous
réside une colère froide ou brûlante face à l'injustice, la
violence, la privation de liberté, la trahison, et sommes toues,
l'humiliation de la dignité individuelle.
Que le regard soit sociologique,
politique, journalistique, nous arrivons tous à la perception de
cette inéluctable limite de l'Etre qui ne tolère plus d'être
bafoué.
Ici, toutes les exaspirations (mot de
mon invention, merci de vos applaudissements) trouvent une direction
commune.
Jusque ici, rien de bien nouveau. Se
posent tout-de-même deux questions :
- Comment en sommes-nous arrivés là, à accepter l'inacceptable. Et que l'on ne vienne pas me parler de la faute de tel ou tel politique, les politiques se sont contentés de s'engouffrer dans des béances prééxistantes d'acceptation. Qu'est-ce qui, à titre individuel, nous a fait glisser vers un système qui ne contente, au final, personne et pas même les plus nantis qui, dans leur terrreur de manquer, ne cesse d'accroître compulsivement un patrimoine qu'ils ne pourront jamais dépenser en une vie sans jamais, jamais trouver satisfaction.
- Que mettre en place maintenant. Il est fort aisé de savoir ce que l'on ne veut plus, mais que voulons-nous vraiment ? Je vous défie, cher lecteur, de répondre par l'affirmative et non par la négation de ce que l'on ne veut plus. Le citoyen, lors de la Révolution (tour complet de la planète sur elle-même), a réussi l'exploit de créer un bain de sang pour reproduire le même système. Peut-être manquait-il, au fond de lui, la place pour autre chose qu'une peur de manquer (de nourriture, de sécurité, d'argent), et n'a donc pas pu créer un autre système basé sur une collaboration plus juste, où l'on croit en le partage, en soi, en l'autre.
Et maintenant, y a-t-il dans notre
coeur la place pour autre chose que la peur que le voisin est plus
que nous, que ses enfants ait plus dans son assiette que nous ? Y
a-t-il la place pour avoir confiance ?
