Nouvelles

samedi 26 décembre 2015

Le lion et la chouette


Le lion cet être prétentieux
Se croyait l'élu sous les cieux
Tous les jours il se pavanait
Pensant toujours être bien né

Assez souvent pendant la nuit
L'astre éclairant disait de lui
Il ne va pas durer longtemps
Le règne de ce fainéant

Se reposant sur ses lauriers
Pensant avoir tout mérité
Il oublie qu'il a du travail
Laissé en plan depuis un bail

Une nuit surprit le tyran
Laissant apparaître d'un coup
Un oiseau au visage blanc
Et son cri tel celui d'un loup.

Le roi n'en fut que peu troublé
Confiant qu'il ne pouvait tomber
C'est alors que la brave chouette
Lui fit ses besoins sur la tête.

"Comment osez-vous, misérable
Léser ma crinière honorable
Vous allez méritez le sort
Que voit tout condamné à mort."

Dans un tableau bien ridicule
L'on vit le roi se démener
Pour essayer d'emprisonner
Le bel animal qui hulule.

"Ouvrez les yeux et regardez
Monsieur qui sur le sol rampez
Votre pouvoir est illusoire
Si mal en pis vous l'employez

Il est grand temps de vous y mettre
Ou j'orne la royale tête
De quelque production unique
Ce faisant, je vous fais la nique."

Moralité :
Si roi vous voulez devenir
Dans un chapeau tient votre avenir.

vendredi 25 décembre 2015

Noël

Le père Noël observait ce petit garçon qui le fixait sans ciller.

"Alors Père Noël, tu ne m'as pas répondu, comment tu fais pour voler en traîneau, est-ce que vraiment tous les enfants du monde reçoivent des cadeaux ? Est-ce que tu n'as pas trop chaud avec ton manteau rouge quand tu es en Afrique ? Comment ils font, les rennes pour voler ? Comment tu fais pour livrer tous les enfants du monde la même nuit ?"

Le vieux monsieur était perplexe. Jamais on ne lui avait posé toutes ces questions, et il ne savait pas y répondre, il faisait son travail, tout simplement, sans se poser plus de questions.

"Alors vraiment tu ne peux rien me dire ? Mais je voudrais savoir. Et tous mes amis aussi."

Le brave homme eut une idée, et exposa au jeune garçon curieux sa vision du métier, de sa vie en somme. Le petit garçon écouta très attentivement ce que le bonhomme en rouge avait à dire, l'embrassa de toute la force de ses petits bras, et repartit chez lui.

Cinquante ans plus tard, un vieux monsieur au regard sage, fatigué, mais à l'étincelle enfantine encore bien présente, reçut la question de sa petite-fille "Dis Papy, comment il fait le Père Noël pour livrer tous les enfants d'un coup ? Et comment il fait pour voler, son traîneau ?"

L'Ancien donna alors à sa descendance la réponse que lui avait faite le vénérable Homme en rouge :" Dis-moi, ma petite fille, es-tu capable de me donner la preuve absolu qu'une personne ne peut être à deux endroits en même temps ?
- Euh, fit l'enfant, il faudrait vérifier partout sur la Terre.
- Exact, es-tu en mesure de m'affirmer qu'un objet ou un animal ne peut voler ?
- Les oiseaux et les avions peuvent voler, mais pas les rennes.
- As-tu déjà vu ces rennes de tes yeux ?
- Non, bien sûr que non.
- Donc rien ne s'oppose à ce que le père Noël puisse voler avec un traîneau.
-...
- Et surtout ma petite, préfères-tu croire que tout est possible, ou que le possible s'arrête à ce que tu connais ?"
La petite-fille d'Albert Einstein se tint coite, câlina son grand-père, et fila jouer avec son chat.

vendredi 11 décembre 2015

L'expérience de trop

Il observa attentivement sa collaboratrice, cherchant à déceler dans son regard le moindre indice indiquant qu'elle plaisantait, et n'en trouvant pas, jeta entre eux :
"C'est une blague, dis-moi que tu rigoles." Elle planta son regard dans le sien, ne lui laissant aucun doute sur ses intentions.
"On ne peut pas faire ça, c'est... C'est ... contre nature, amoral, pas éthique. On ne peut pas faire ça."
Il avait scandé sa dernière phrase, comme si les mots prononcés plus fermement devenaient plus vrais de la sorte. "Mais tu imagines, c'est une véritable amputation, on va tous les rendre fous, ça frôle le génocide, c'est un génocide. Nous sommes responsables d'eux. Certes, leur existence est vouée à l'expérimentation, et nous ne nous en sommes pas privés, mais là, ça va trop loin.
  • Trop loin, je ne crois pas, c'est l'expérience finale qui nous permettra de voir si les différentes mutations apportées sont opérationnelles.
  • NON ! ", Il avait hurlé sans s'en apercevoir, "Non, on leur a limé les dents, on leur a tondu leur fourrure, on a chimiquement trifouillé leur centre instinctif. Ils ont le bulbe rachidien en vrac les organes ou sous-régime, même un caillou pleurerait devant ce qu'on leur a infligés.
  • Tu oublie qu'ils l'ont tous accepté, chacun d'entre eux.
Son ton froid et posé l'exaspérait au-delà de tout.
  • Mais ce sont des animaux à peine conscients de ce qui leur arrive, on ne peut pas dire qu'une fourmi choisit d'être écrasée ou une méduse de vivre dans tel ou tel océan, bon sang, il faut raison garder, et là, tu l'as clairement perdue.
  • C'était le contrat de départ, et c'est comme ça, tu ne peux rien y faire et moi nous plus. Je te prie donc d'arrêter ce sentimentalisme déplacé. Ils ont donné leur accord autant que tu l'acceptes."
Il prit quelques minutes pour rassembler ses idées, et plus il y pensait, plus ces pauvres bêtes avaient effectivement demandé à être coupées. Insoutenable. Un haut-le-coeur le saisit et il courut vomir dans les toilettes du centre de contrôle. Puis il fut pris de sanglots incontrôlables, la honte, la peur pour ces misérables bêtes, sa propre impuissance à ce qu'elle osait appeler un choix lui coulaient par les yeux.
Il revint abattu dans le laboratoire, vaincu, et ne put saisir dans sa détresse le regard rougi de sa collaboratrice.
  • "Alors on les coupe ... "Son ton était résigné, presque surpris.
Ils lancèrent le processus le lendemain. Il s'agissait de les faire passer dans un champ électromagnétique qui aurait pour effet de dissoudre le tube qui les reliait au Générateur Central, et qui du même coup anéantirait tout souvenir précédent cette opération. Ils ressortaient de là perdus, terrorisés, comme fous, et nos deux amis assistaient à la cruauté de ce spectacle. Ils l'ont choisi. Ils remirent ensuite leurs petits Humains dans leur vivarium Terre.

mercredi 9 décembre 2015

Et maintenant je fais quoi ?

Ah, cette merveilleuse période de la vie où l'on se retourne sur ses choix sans trop savoir qu'en penser, les "si j'avais su", les "j'aurais dû", et pire que tout les "je pouvais mais je ne le savais pas". On se retrouve un soir de solitude à faire et refaire un bilan illusoire des micro et macro-choix qui nous ont amenés là où nous en sommes.

J'en suis donc là, entre ma tisane et ma grosse envie de m'enfuir en courant tout droit dans le ventre de ma mère qui, lui, était incroyablement confortable. Pas de déplacements ingérables, de calculs improbables de TVA, de quête au client qui vous fera la grâce de vous choisir plutôt qu'un autre ... Mais bon, soyons honnêtes, je ne pouvais pas choisir mon menu, et il y a tout de même une limite à l'absence de choix que diable !

J'interroge ma tisane, bon, et maintenant que je suis tétanisée de peur, que je me demande pourquoi je me suis délibérément mise dans cette situation, et bien sûr que je ne peux pas compter sur l'aide de qui que ce soit, que fais-je ? La tisane me regarde paisiblement, berçant tendrement les miettes de macaron qui churent malencontreusement de ma bouche lors de ma dernière extase sensuelle datent déjà de quelques minutes.

Et bien tu l'as voulu tu l'as eu.
Débrouille-toi toute seule.
Arrête de te plaindre pour un rien.

Mon cher mental culpabilisateur, je te demande de bien vouloir fermer ta grande g... gigantesque capacité à dramatiser. Je vais m'adresser à un autre interlocuteur. Plus sage, et dont je sais qu'elle a toujours raison : la copain/copine team.

C'est une connerie.
Tu sais que c'est une connerie.

  • Mental, tais-toi !
  • Mais c'est pas moi ! C'est la Conscience.
  • M'en fous, j'appelle mes copines.
Il faut à X-OR moins de 5 centièmes de secondes pour se transformer en shérif de l'espace.
Il m'en a fallu 2 millièmes pour comprendre que mes cop's ne pouvaient rien pour moi.
Réaction numéro 1 : Oh toi, tu arrives toujours à t'en sortir. (ouais ben là, je vois pas comment...)
Réaction 2 : Oh, toi et tes hauts et bas, on a l'habitude. (C'est pas agréable pour autant).
Réaction 3 : La copine qui tente un soutien quand elle-même est au trente-sixième dessous. En général, ça ressemble à un enfant de trois ans qui essaye de servir un verre d'eau à un autre enfant de trois ans : le geste est noble, mais quelque peu inefficace.
Réaction 4 : le copain qui a toujours une bonne solution comme aller boire un verre, penser à autre chose, ou se trouver un mec pour la soirée.

Je décide de revendre mon téléphone pour m'acheter une île déserte, ou du chocolat, ou des macarons qui ne font pas de miettes.

En même temps, c'est vrai que depuis huit lustres et des brouettes, j'ai toujours fini par trouver une solution à tous les problèmes.
Mais tu as vu dans quel état de te mets, tu devrais avoir honte !
Cerveau, tais-toi.
Oui, laisse-moi en placer une.

Qui vient de parler ? C'est encore ma Conscience ?

Non, c'est moi, le coeur. Alors maintenant que je peux enfin être entendu, et que l'autre qui se prend pour le grand chef la ramène moins, je vais t'expliquer deux trois trucs :
Et d'une tu as fait des choix que je t'ai dictés, et pas le sieur tronche de noix là-haut.
Et de deux, forcément ça ne lui a pas plu, alors il se défend comme un beau diable.
Et de trois, c'est ton âme, donc toi, la personnalité en moins, qui m'a dicté ces choix : tu voulais absolument développer de nouveaux aspects de toi-même, on ne peux rien développer de neuf dans des ancien systèmes.
Et donc tout ceci part du postulat que tu te mets en situation pour faire ce que tu est déjà capable de faire.
Alors la peur est inévitable : ton cerveau te met en état d'alerte maximum puisqu'il ne connaît pas la situation.
Mais tes copines savent bien au fond d'elles que tu ne cours aucun risque. Et toi aussi tu le sais.

Forcément vu sous cet angle, c'est un peu différent. Alors la peur vient, elle passe, je la dépasse et me surpasse.

Voilà, tu as compris.
Et du coup en attendant je fais quoi, moi ?
Mange des patates.
Pardon ?
Mange des patates, les émotions fortes, ça épuise.