Nouvelles

dimanche 15 mars 2015

Fausse route

"Force de la Nature, ô Grand Créateur, dis-moi les secrets de l'univers.
Ô Divin Maître, donne-moi la science de tout ce qui est dans le cosmos et ailleurs.
Ô toi mon Seigneur, enseigne-moi !

- Pour quoi faire ?

- Hein ?

- Je suis ton Seigneur, tu m'invoques sans relâche depuis des décennies, tu as suivi une ascèse des plus strictes pour m'approcher, et pour atteindre les secrets de l'Univers, tu as fait le tour de la terre les pieds nus, tu as rencontré toutes les religions, tu t'es essayé aux pratiques les plus ardues. Tu peux bien me dire pourquoi tu veux les connaître, ne crois-tu pas ?

-Ah, mon Seigneur, tu m'as donc vu et entendu ! Oui j'ai quitté tout ce que j'avais, j'ai renoncé à une vie dans le monde pour m'isoler et me consacrer à toi, j'ai quitté ma femme et mes enfants, j'ai abandonné le luxe de ma vie confortable, j'ai renoncé à mes amis, j'ai abandonné mon pays pour m'isoler dans mes montagnes pour me rapprocher de toi. Par amour pour toi, par dévotion...

- Je te repose la question : pourquoi veux-tu connaître les secrets de l'Univers ?

- Et bien pour connaître l'Eveil, pour être un homme accompli et réalisé, pour avoir l'Extase.

- Pourquoi veux-tu connaître l'Extase ?

- Enfin Seigneur, tout-le-monde recherche l'Extase, le bonheur absolu.

- N'es-tu pas heureux déjà ? Tu es vivant, tu mènes la vie que tu as choisie, ta santé est rayonnante. 

- C'est que Seigneur, dans l'Extase, je jouirai d'une pure Joie qui me fera oublier mes frustrations, et me détachera de mes besoins.

- Bien. Que la Connaissance te soit donnée."

L'Homme reçut toute la Connaissance de l'Univers, il vit les secrets de la nature, la terre, la voûte céleste, et encore au-delà de ça, il vit une grande enveloppe qui protégeait l'Univers, elle-même entourée d'une masse palpitante dans laquelle circulait un fluide, qui inondait autour tout un réseau de différents univers. Il les visita tous, sans plus de limite de temps que d'espace, il évolua dans les méandres de l'infini, et prit conscience enfin que cette forme lui était singulièrement connue. Le coeur qui battait au-delà de l'univers était le sien. Ce coeur était abîmé, usé par l'absence des gens qu'il aimait, gâté par trop de chagrins refoulés. L'Eveil devait lui effacer ses besoins, mais il comprit qu'il avait fait fausse route : il était face à ses frustrations qu'il avait tant cherché à fuir.

Et après trente ans de cette vie erratique et misérable que son orgueil spirituel l'avait amené à vivre, il ne rêvait au final que d'un chocolat chaud avec sa famille au coin du feu un soir de Noël.

vendredi 13 mars 2015

Mental

Bon réflechissons. On m'a dit qu'il fallait que je prenne conscience des émotions négatives pour m'en libérer. Mais elles sont négatives, alors je n'ai pas trop envie d'aller voir tout le bazard, d'autant que j'ai un mail à faire et une copine à appeler.
Et puis c'est quoi une émotion négative ?

"Moi, moi, je sais, je sais !"

Ca veut rien dire une émotion négative. Tiens par exemple, la colère. On dit que c'est une émotion négative. Et bien je trouve ça rudement chouette, la colère, elle tient chaud, et quand on l'a en soi, on trouve que tout est la faute des autres. C'est quand même plus sympa de se dire qu'on a raison et que c'est l'autre qui est un demeuré congénital, non ?

"En fait c'est pas exactement le propos, l'idée c'est d'être libre..."

Et puis une émotion négative, ça doit être en-dessous de zéro, puisque c'est négatif. Mais moi, quand je pique une bonne crise, j'ai super chaud ; pratique en hiver.

"Certes, si tu piques ta crise, c'est que tu prends conscience de tes émotions..."

Et cette manie de se regarder le nombril constamment ! Il vaut mieux se faire un bon film, quand même, non ? Et si vraiment ça va pas, on regarde le vingt heures et on voit qu'il y a pire dans le monde.

"Mais ce n'est pas une solution, c'est une fuite"

Rrahh, mais qui me parle depuis tout-à-l'heure ?

"C'est moi, ton Moi Supérieur, et j'te ferais savoir d'ailleurs que ça fait DES ANNEES que je te cause !"

Juste explique moi pourquoi je t'écouterais toi plus que moi ?

"Parce que, bougre d'andouille, je veux ton bonheur et ta Joie, et pas l'espèce de tiédeur sordide dans laquelle tu te vautres depuis des décennies. Alors maintenant, tu te sors les doigts du nez, et tu cesse de te regarder le nombril (car c'est ce que tu fais) pour t'occuper de ton coeur. "

mercredi 11 mars 2015

Qui l'eût cru ?

Le pauvre homme était abasourdi. Il n'en croyait pas ses oreilles.
"Tous, vous en êtes sûrs ?
-Oui, tous."
Il passa sur son front en sueur une main qui semblait trop faible pour tenir une telle responsabilité. Cette annonce serait sa dernière.

"Alors il va falloir l'annoncer."

Le symposium avait duré près de quinze jours. Un record absolu. Tous les participants avaient dû annuler d'importants rendez-vous pour venir à bout de cette terrible problématique, les débats avaient fait rage entre les différents participants. Au sens propre, d'ailleurs, puis qu'un neuropsychiatre au comble de l'exaspération avait mordu un jésuite. C'était au jour 8. 

Les philosophes, les religieux de toute obédience, les psytrucs et les neuromachins, les tout-ce-qu'on-peut-ologues, s'étaient pris la tête, le chou, le bec, et il avait fallu attendre une éternité de quinze jours de délibération pour parvenir à la plus grande conclusion depuis la création de ce symposium humanité défrichée, humanité déchiffrée. 

 Deux ans de préparation, des travaux préliminaires qui avaient mobilisé la population de la Belgique, deux ans d'études, d'analyses, d'expérimentations et d'observations. Même les journalistes, touchés par l'ambition pharaonique du projet, s'étaient spontanément résolus à partager leurs connaissances et leur énorme documentation.

Le porte-parole prit alors place devant la presse, la tension était insupportable.

"Après de grands travaux de recherche, nos meilleurs experts ont rendu la conclusion d'années de travail." Il reprit son souffle un instant.

"Nous sommes formels : les auteurs de massacres, les hommes politiques, les personnes de pouvoir, les chefs de multinationales sont eux aussi dignes de respect et d'amour."

mardi 10 mars 2015

Je suis une reine... et je suis de retour

Voilà voilà, mon Royaume est bien propre et net, lavé de tous les bandits qui menaçaient sa tranquillité. Je maintiens mon port altier, et quand je vais aux conférences de l'ONU, je déclare sans problème que TOUT VA BIEN, mes chers voisins rois et reines, tout va bien. Je n'ai aucun problème intérieur, la pax romana, ou plutôt la pax carolina se maintient. Je me promène dans mes Terres, satisfaite du travail accompli, ete les peurs, culpabilités, colères et autres jalousies sont maîtrisées. 

Bon, peut-être que j'ai deux ou trois élements perturbateurs. Tiens, la semaine dernirère, une colère est venue envahir mon royaume : je voulais aller au cinéma et je n'ai trouvé personne pour m'accompagner. et bien la colère est venues brûler des récoltes et des maisons. 
Au final je me suis rendue compte que c'était une bonne chose, parce que j'ai passée une excellente soirée avec moi-même.

Puis mes Gens m'ont dit que la récolte avait été préalablement gâchée par un parasite, et que les maisons tenaient à peine debout, il convenait donc de les abattre pour en construire de nouvelles. 

Mon sylvain (vous savez, le bâtisseur), m'a dit que les constructions de temples s'avançaient bien, et que le poids de sa baguette était essentiellement dû à la charge excessive d'énergie qui s'y était accumulée avant qu'il sache comment l'utiliser.

Par contre, vous verriez les pays voisins, mes Bons, une ca-tas-trophe ! En Sophianie, les rancoeurs s'accumulent et sont totalement incontrôlables ;  en Robertie, les peurs passent leur temps en grêve et paralisent le pays et en Georgistan, la culpabilité décapite à tour de couteaux rouillés (oui, ce sont vraiment des sauvages, les culpabilités).

Les pauvres, ce n'est pas bien rigolo.

Non, chez moi tout va bien, à part peut-être quelques vertiges de temps en temps. J'ai l'impression que les murs dansent. Non, rien de grave, c'est juste une impression.
Que les murs dansent.
Que tout cela est un décor.

Bon sang de bon sang de bonsoir de crotte de saucisson végétarivore, c'est un décor !
Ah mais non ce n'est pas vrai, il m'a encore fait le coup, le salopard, il m'a mis un mur de bonheur et derrière c'est Beyrouth. Le pays est totalement dans le chaos, il faut reprendre les choses encore une fois. 
Mais qui ça, me demandez-vous ?

Ben l'Ego, tiens !

samedi 7 mars 2015

Au travail

A peine entamé le petit-déjeuner, que mon cerveau part déjà au travail. Il monte sur son petit vélo, et pédale, pédale, pédale. Que tu es courageux, mon Petit Cerveau, que tu es vaillant de produire autant d'efforts ! De tous les petits cerveaux qui pédalent, tu es de loin le plus efficace, et Dieu sait qu'il y a des cerveaux efficaces.

A la pause de midi, Petit Cerveau ne s'arrête pas : il s'informe sur ce qui se passe dans le monde, et ça lui donne des tas d'idées pour pouvoir pédaler sur son petit vélo. Comme il est chouette mon petit Cerveau, ne trouvez-vous pas ? Toujours à se muscler pour être toujours plus actif et puissant. Je suis tellement fière de lui ! Je lui ai donné des tas d'années d'étude, etje lui ai appris à être raisonnable. Tout le monde devrait en faire autant, n'est-ce pas Petit Cerveau ? Tu es ma fierté et mon gage de réussite. Et tu fais tourner le monde. 

Quoi, qui me dérange ? Qu'on me laisse tranquille, enfin, je parle de mon précieux Cerveau. Je disais donc avant d'être grossièrement dérangée dans mon laïus dithyrambique (ça c'est une expression de mon cerveau, elle est belle, n'est-ce pas ?) que mon cerveau était le chef à la maison, si tout se passe bien, c'est grâce à lui, il fait avancerla machine et...

Quoi, encore ? Qu'est-ce qu'on me demande de regarder le vélo du Cerveau, tu ne vas donc pas me laisser tranquille ? Fiche-moi la paix !

Et c'est très important d'avoir le cerveau alerte et bien musclé, on vit tout de même mieux...
Non mais c'est pas un peu fini ce bavardage pendant que je parle ? Bon, qu'est-ce qu'il faut voir ? Le vélo de mon Petit Cerveau ? Comment ça du sur-place ? Ah, tiens, oui, c'est vrai. Mais alors qu'est-ce qui fait avancer ? Ton moteur ? Mais qui es-tu ?

- Le Coeur.

mardi 3 mars 2015

La loi de Murphy.


Je ne sais pas quel est le pingouin qui a sorti cette merveille de bêtise de son cerveau décongelé, mais il aurait aussi bien pu aller se faire cuire un steack de phoque.

Parce plein de bonnes choses peuvent se produire qui n'étaient pas bien parties au départ. Comme par exemple une queue au supermarché, pile celle qui bloque quand vous vous y installez, comme le veut la loi de Murphy ou LEM (loi de l'enquiquinement maximum). Je dois hurler à la rectification de cette loi, et si vous n'aviez pas eu la tête dans ce que vous étiez en train de ne pas faire, vous auriez très certainement contemplé l'être magnifique sorti(e) d'un magazine de mode qui vous souriait l'air de rien en attendant que le mouvement reprenne. Et les trois heures de queue interminable étaient au final un billet pour le paradis.

Et la tartine qui tombe du côté de la confiture, vous y avez songé ? Bien sûr, avez la confiture qui collle quand on la nettoie et le beurre gras sur les mains. Et avez-vous remarqué que du bas de la table de la cuisine, on a une vue imprenable sur cet oiseau dans l'arbre, dont vous ne contemplez que le tronc depuis votre installation en 2003 ? En plus, il n'y a plus de pain, vous mangerez un fruit, le premier de la semaine (et on est jeudi !)

Vous vous êtes entendu beugler sur "cet abruti de gros-cul (entendez camion) qui veut pas avancer, le crapaud". Ce que vous ignorez, c'est que le crapaud vous a empêché de parechoquer à mort le motard qui n'a pu freiner à temps sur route mouillée. Deux vies épargnées, celle du motard, et la vôtre, gâchée par une éternelle culpabilité.

Suggestion du jour, à chaque fois que vous râlez ...rien, ne faites rien, mais à chaque scénario de fou que vous construisez pour embellir la catastrophe et vous transformer en héros, faites-vous un compliment, ou un bisou, ou un café, et envoyez-moi les effets sur votre moral. 

Chers Volusiens, Chères Volusiennes, avec tout mon Amour, bonne soirée !