Elle était allongée là,
serrée contre lui, et ne savait pas bien ce qu'elle ressentait.
Leur histoire s'était
arrêtée sans qu'elle comprenne bien pourquoi, elle s'était faite
une raison : "Il ne veut plus être avec moi, c'est ainsi."
Des torrents de larmes avaient coulé de ses yeux pendant des
semaines, et le vase de ses regrets semblait ne pas avoir de fond.
Mais "c'était ainsi".
Comment se
retrouvait-elle là, blottie contre son corps à la douceur
envoûtante, à la puissance envoûtante, à l'odeur envoûtante ? Un
enchaînement de désirs refoulés, d'actes manqués plutôt réussis
et d'échanges de messages plus ou moins ambigus les avaient
rapprochés.
Blottie contre son amour,
elle avait envie de pleurer, de lui demander "Que veux-tu
vraiment, que ressens-tu, que suis-je pour toi ?" Elle voulait
hurler aussi, lui crier combien elle avait eu mal, à quel point sa
décision avait déchiré tout son être. Mais la prudence lui
recommandait de garder le silence. Il y avait une chose bien pire
pour elle que cette cruelle incertitude, cette relation mal définie,
c'était de dévoiler cet attachement si profond.
Il ne veut plus de moi
dans sa vie, c'est ainsi. Et contre lui, ses larmes salées
retournaient dans l'océan de son intériorité. Elle sourit, partit
d'un ton léger sur une conversation anodine, tentant sans grand
effet de gommer de sa conscience une gorge dont l'étranglement
s'amplifiait de minute en minute. Son corps hurlait de laisser sortir
un tel vacarme silencieux, mais la peur de voir s'envoler cet oiseau
farouche qu'était cet intant de tendresse baillonnait ce besoin.
Elle avait tellement besoin de ce qu'il lui offrait en ce moment.
Elle vendait son âme au diable pour un peu d'Amour, de tendresse et
de partage. Et son ange lui murmurait "Est-ce vraiment cela que
tu appelles le partage ?". Et son démon lui répondait "
Tu ne mérites pas plus".
Elle était aux aguets,
comme seule une femme amoureuse peut l'être, de la moindre
intonation, du moindre mot qui pouvait donner une indication sur ce
qu'il ressentait. Lui demander était inenvisageable, elle n'était
pas assez forte pour affronter un propos direct sur la question. Mais
elle savait aussi que cette enquête était brouillée par le filtre
de ses peurs, de ses désirs.
Elle avait mal à en
crever.
Il partit.
Ses larmes coulèrent.
Elle ne savait pas
qu'elle l'aimait encore autant.
Et son ange murmura : "Ne
le revois plus, il ne veut plus de toi, c'est ainsi."
Et son démon ne dit
rien, il savait déjà qu'elle cèderait encore.
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