Bon,
la crise de la quarantaine, les hommes en mal de chair fraîche,
voilà ce que nous savons du mal-être de toute une population
arrivée à la moitié de sa vie. Si la moitié de votre vie s'est
barré avec la secrétaire : crise de la quarantaine, et il reviendra
fissa dans les rangs dès qu'il aura repris ses esprits parce que
l'autre est forcément une belle garce qui n'en veut qu'à ses sous et même qu'il a eu un coup de folie passagère et c'est pas
grave, on les comprend ces pauvres hommes tout fragiles et tout, même
qu'on leur propose de faire leur linge, à ces hommes qui vivent
seuls un moment tellement on les prend pour des incapables.
Alors
là je dis STOP. Je condamne au silence l'expression de démon de
midi, tout d'abord parce que les démons n'aiment pas trop les coups
de soleil, ça leur rappelle la maison, et ils sont là pour prendre
des vacances, que diable (que je salue au passage.) et ensuite parce
que précisément ce n'est pas un appel démoniaque mais divin :
voyez un peu cette personne, homme ou femme, qui a construit une vie
bien sage, avec métier, famille enfants, maison à rembourser pour
trente ans, poisson rouge, cochon d'Inde et Belle-Maman deux fois par
mois. Ah mais attention, cette vie est formidable, le couple va au
cinéma, invite des amis, et joue à la belote. Puis progressivement
s'installe un inconfort intérieur, "pourtant j'ai tout",
se diront ces trentenaires ou quadragénaires. L'inconfort devient
mal-être, puis angoisse, et enfin, si c'est impeccablement étouffé
par le cerveau qui réfléchit, une bonne grosse dépression de
derrière les fagots.
La
crise de milieu de vie touche les hommes ET les femmes. Mais ça se
voit moins pour des raisons sociologiques que j'ai un instant pensé
à inventer, mais au final, non.
Décryptage
de Dominique, prénom volontairement androgyne. Prenons Dominique au
stade de l'angoisse profonde, et avant la dépression. Sa moitié lui
répète qu'aimer quelqu'un comme ça c'est franchement pas rigolo,
et que ça devient super lourd de cohabiter, et sort la phrase qui
tue : "Prend sur toi". Domnique va confier à un proche :
"j'ai envie de tout plaquer, j'ai vraiment l'impression que ma
vie est une erreur de casting. Je ne sais plus ce que je fous là."
Le proche en question peut soit être passé par là et être revenu
dans le droit chemin "prend sur toi et sois raisonnable",
ce qui est comparable à un assassinat psychique, (le proche ne s'en
est pas tiré, faudrait pas que Dominique s'en sorte, non plus). Ou
alors il n'est pas passé par là, et dit doctement "je sais ce
que c'est, c'est dur, tu verras, tu reviendras à la r/maison,
consulte".
Désemparé, Dominique va chercher et se chercher
certains vont se jeter dasn les bras d'une personne qui
leur donnera ce regard qu'elle ne peuvent se porter elles-mêmes,
d'où les infidélités.
La
souffrance de notre ami(e) devient insoutenable, la tension monte en
lui, et il/elle se découvre un beau matin une passion pour
l'ébénisterie. Dominique revient à la vie, la famille vit au
rythme sonore et financier de la machine à bois et des heures
passées à fignoler un bout de bois. Le conjoint s'agace, mais au
final, sa moitié va mieux. On supporte.
Cependant
il faut se rendre à l'évidence, à chaque fois que Dominique se
rend au cabinet comptable qui l'emploie, ses tripes se serrent, son
cerveau s'obscurcit, son moral dégringole comme le cours de la
bourse un jeudi noir.
A
table, Dominque énonce sa volonté de démissionner pour se
consacrer à sa passion. Jugement, délibération, exécution. Hors
de question parce que le crédit, les enfants, le regard des voisins,
et en plus t'es plus comme avant (ce qui évidement dans ce cas-là
est une critique). Famille un, désirs profonds zéro.
C'est
là que la dépression s'installe.
Choix
1 :Plusieurs arrêts maladie plus tard, Dominique revient à la
raison, il finit par abandonner sa passade, la machine à bois (ou la
baby-sitter), son regard s'éteint. Il est mort.
Choix
2 :Plusieurs arrêts maladie plus tard, Dominique pose sa volonté,
et dira "C'est pour pas crever". Il/elle vit sa passion.
Il/elle VIT.
La
crise de milieu de vie est un appel à vivre ce qu'il y a de plus
beau en nous, ne l'étouffons pas, ni chez nous, ni chez ceux que
nous aimons.
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