Nouvelles

mercredi 23 juillet 2025

Liberté

Chers Volusiens, chères Volusiennes, 

Saisie par le bonheur de vous rédiger une bafouille à ma façon, j'ai hier commis un texte d'un ennui à mourir tel que je crois bien m'être endormie en l'écrivant. Faut-il que je vous aime, très Chers, pour ne pas vous l'infliger, et tenter de vous distraire, sinon de vous amuser. Or il faut le reconnaître, je manque en ce moment drastiquement d'inspiration. 

J'ai failli m'étendre sur le temps grisâtre qui fait râler les touristes, persuadés qu'ils sont que le soleil est compris dans la location du mobil-home, j'ai voulu rédiger un propos sur l'art et la manière d'aller chercher un cheval au milieu de son paddock, quand quinze centimètres d'une boue aussi glissante que collante vous fait réfléchir très sérieusement à la téléportation jusqu'à l'équidé recherché, ou à revendre votre plus noble conquête qui vous voie sans s'approcher de vous, pour acquérir celle qui est à l'entrée du paddock, l'amour a ses limites, très Chers. 

Mais au final, je vais vous entretenir d'une activité passionnante qui me prend le plus clair de mon temps. Elle s'appelle : Jecommenceparkoi. Pour cela, je me lève le matin, renouvelle les liquides de mon corps (mode élégant pour dire que je fais pipi, puis que j'ingurgite un lac d'eau chaude avec de l'herbe infusée), puis, une fois présentable, un jean et un coup de propre sur le nez plus tard, je me pose dans mon salon OU BIEN ma cuisine, car nulle limite ne me retient, et je réfléchis à ce que j'ai à faire dans la maison. Linge, jardin, tableaux à accrocher, nettoyages des murs, sols, portes, meubles, et autres, organisation de mes papiers, vêtements, trucs et machins divers et variés, et j'en passe, et des pas plus meilleures.

J'ai lu dans des magazines féminins de salles d'attente et des publication Facebook, hautes références s'il en est, qu'il faut établir des priorités. Donc comme j'ai très envie d'être quelqu'un de bien, parce que c'est bien d'être bien, je décide de réfléchir à la priorité du moment. Je tourne tous les aspect à établir comme une priorité, depuis les ça fait trop longtemps que ça traîne, jus


qu'aux  je m'en occuperai quand il y en aura plus à ranger/nettoyer, jeter/donner/faire. 

Je passe par l'étape non mais là ce n'est plus possible, c'est vraiment trop, oui mais comme il faut chercher un truc qui fait du bruit (pas agréable voire agressif), ou qui est rangé dans un placard (au moins deux étapes), mon inconscient va ipso facto le déprioriser. Quoi le sol est noir est ce n'est pas sa couleur d'origine ? Et bien moi j'aime ça ! dit la petite voix dans ma tête, qui ajoute que ça va super bien aller avec mes boots d'équitation qui n'ont pas vu de cirage depuis le confinement ! 

L'argumentation va bon train dans ma calebasse ultra contreperformante de la mise en beauté de mon logement. Au bout de 90 minutes de la contemplation superposée de mon antre et de mes pensées, je réitère le renouvellement de liquide, et, tiens, faut faire des courses, je n'ai plus de dentifrice. Va pour les  courses de dentifrice, nonobstant la présence silencieuse de deux autres tubes neufs. 

Les rageux y verront une fuite de mes responsabilités nettoyantes, laissons parler les mauvais coucheurs, je suis simplement prévoyante. 

Bon, l'heure du déjeuner, je me prépare un bon plat, et toc, médi-sieste : il s'agit une pratique visant à écouter une méditation guidée pour le bien de sa spiritualité, le tout allongée dans mon canapé ET NON dans la cuisine, beaucoup moins adaptée. Le bien-être, penser à soi, se recentrer, tout ça tout ça, parce c'est bien, et que je l'ai vu sur YouTube et que c'est bien d'être bien.

Oups, déjà 16 heures, ce fut une grosse méditation, mes chakras sont enfin fonctionnels (je comprends mieux pourquoi je ne me décidais pas), et je peux enfin penser à l'essentiel, une tisane avec des petits biscuits sans sucre et sans gluten parce que c'est pas bien de manger du gluten, c'est mon ventre qui me le dit très très fort à chaque fois que j'en prends.

Nous voilà à reprendre ma réflexion sur le sens des priorité, et décide de m'inspirer de ceux qui savent sur internet. Et vous ne devinerez jamais ce qui j'y ai trouvé, LA réponse ultime : je sus TDAH, autisme, procrastinatrice pathologique, hypersensible ! Mon horizon s'élargit, je peux enfin vivre dans ma médiocrité sans plus chercher à la dépasser, je suis LIBRE !!!

samedi 19 juillet 2025

Bien fait pour ta tête

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. Cette tentative de Baudelaire pour vaincre non pas sa douleur, mais l'emprise terrible qu'elle tenait sur lui est belle, quoique parfaitement inefficace. On ne peut négocier avec un parasite, surtout si ce dernier vous dévore l'esprit, le cœur, les tripes, et, cerise sur le gâteau de boue, la vision du monde.

Elle est là, au mieux logée au creux du plexus solaire, se contenant de bloquer la respiration et la digestion, au pire dans des pensées obsédantes qui me font penser des insultes envers moi dont je n'exprimerais pas le dixième à mon pire ennemi. Cet état de fait propulse donc cette souffrance en ennemi privé numéro un. 

Non contente de détruire avec une efficacité redoutable ma capacité à penser, digérer et respirer, elle tronçonne méticuleusement ma confiance en moi, en l'avenir, en ma capacité à faire face à la vie. Elle efface de mon programme interne toute solution d'y échapper. Je déroule la liste de mes contacts, espérant pouvoir lancer une bouteille à la mer, et parler à un congénère bienveillant. La liste est déroulée, et la douleur me laisse croire qu'il n'y aura aucun secours de ce côté-là. Je vais sortir, marcher, courir, peu importe, bouger, mais la compagne noire ma paralyse les jambes. 

Comme une pierre dans mon estomac, elle me provoque des nausées. Est-il possible de parlementer avec la personne dont le lien habité de mille ombre a suscité le réveil du monstre ? Que nenni. Qu'est-il de plus douloureux que de ne pouvoir dire à la personne aimée qu'on l'aime, alors même qu'elle est persuadée du contraire.

Ah ! Enfin quelques larmes ! La pierre devient lave glacée, et quelques petites tonnes disparaissent de mon plexus. plus que deux ou trois milliers de litre pour retrouver un diaphragme un tant soit peu fonctionnel. Le soulagement ne dure cependant pas. La douleur exige son tribut. Toujours plus.

C'est un vers solitaire, chaque anneau perdu laisse place à un autre, et un autre, et un autre. Quel est l'aune de la souffrance ? Plus on aime, plus on a mal dan les situations de perte de lien. Et moins on s'aime, plus on a mal.

On ne peut s'empêcher de penser que l'inventeur de cette mécanique est un pervers brillantissime. Or c'est le lot de la nature humaine. Que donc penser de la nature humaine ? Tiens, ma douleur arrive à me faire croire que l'humain est naturellement pervers : Je t'ai vue, vilaine bête, et je reste, en mon âme et conscience sur l'idée que l'Homme est un être merveilleux. Et toc ! J'ai marqué un point, ce qui fait ... 1 à 2 millions.

Le match n'est pas terminé, vilaine bête, même si tu peux me faire croire le contraire, quelque chose en moi est vivant, vibrant, les pires tortures intérieures du monde ne me feront jamais renoncer plus de quelques minutes, ou heures, à la beauté de la Vie, vilaine bête ; j'ai des armes, moi aussi, les larmes libératrices, la foi en la vie, qui se montre au tréfond du désespoir, au-delà de ma capacité à l'invoquer, les amis qui appellent, alors même que j'ai renoncé à les solliciter.

Et toc, vilaine bête, toit-toi tranquille, ou attaque-moi, au final, la Vie gagne en moi,

et bien fait pour ta tête !



mercredi 16 juillet 2025

La folie du monde

 Chers Volusiens, chères Volusiennes, c'est avec toute la gravité qui s'impose que je m'adresse à vous aujourd'hui. Notre monde est fou ! les guerres emplissent le monde, la famille est éclatée, les hommes deviennent des femmes et inversement, et il n'est plus possible de manger un snack sans tuer la planète. Avoir un regard différent sur le monde est passible de la peine de mort sociale, on déteste les hommes parce que ce sont des hommes; les femmes parce que ce sont des femmes, les riches parce qu'ils sont riches et les pauvres parce qu'ils sont pauvres. La nourriture est malsaine, l'air et l'eau pollués, la médecine et l'éducation en plein délitement.

Sur ce constat incroyablement consensuel (en un seul mot, hein, même si certes, la première syllabe est signifiante, alors que la sensualité peine à apparaître), moi, votre Dévouée, ai décidé de remédier à cela. Après moultes heures de rage noire méditation transcendantale, j'ai mis au point une approche à la pointe de l'innovation. 

J'ai donc sollicité en moi toute la matière grise disponible, usé et abusé de toue ma créativité, fourni du sang, des larmes et de la sueur (mais pas trop, parce que j'ai la clim), et sollicité toutes les drogues possibles (chocolat, cacao, chocolat noir, chocolat blanc, et chocolat au piment d'Espelette). Je me suis attelée sans relâche, disé-je, à la mise en place d'une réponse à apporter en ces temps difficiles, et accessible au plus grand nombre.

J'ai exclu la fusée vers une autre planète, parce que j'ai estimé que mon PEL n'allait pas suffire à en construire une, puis j'ai envisagé de mettre une grosse bombe dans les endroits qui posaient problème, mais il m'a été dit que d'autres y pensaient déjà et que c'était moralement discutable. J'ai ensuite pensé à dire aux gens que c'était mal de faire des choses pas bien, mais j'ai eu peur de saturer tous les serveurs informatiques du monde, et du coup, je n'aurais plus eu Netflix.

Puis l'illumination, Chers Volusiens, que dis-je, qu'écrivé-je : l'Illumination ! J'avais la réponse parfaite dans ce monde de fous : économique, écologique, 0% de matière grasse, comme les Chupa-chups ! La coupdepellothérapie.

Chers Volusiens, Chères Volusiennes, laissez-moi donc vous faire part de cette révolution sanitaire et sociale. Vous imaginez une pelle, au manche bien solide, du chêne ou du hêtre. Evitez le bois tendre comme le pin, ça marque trop facilement, et la résine qui coule peut coller sur vos doigt imaginaires.

Visualisez-la en aluminium pour les moins musclés (c'est plus léger), ou en fer blanc pour les costauds, prenez le temps de la sentir en vos mains, de la soupeser, et d'en équilibrer le poids lorsque vous la tenez.

Puis le moment venu, lorsque vous suffoquez littéralement sous la bêtise ambiante, brandissez gaillardement dans votre tête l'objet de votre guérison spirituelle, respirez profondément et appliquez-le d'un geste délié mais cependant ferme et précis sur l'objet visualisé de votre courroux. Il n'est pas interdit de réitérer l'opération jusqu'à ce que l'état de votre cible  soit plus bas que celui de votre système nerveux.

Lorsque votre cible est atteinte, il est tout-à-fait possible d'en visualiser une autre pour le bien de l'Humanité.

Je vous laisse, mes Volusiens, le taille-haie du voisin me grille les neurones, je vais m'en occuper, des bisous chaleureux !



lundi 14 juillet 2025

Mission à la noix

La voix dans sa tête insistait : "Dis-le lui, c'est primordial, dis-le lui avant 18h !" Amou n'en pouvait plus de ces missions à la noix, comme il les appelait. Affirmer en toute tranquillité à de parfaits inconnus qu'un mur allait leur tomber sur la tête dans l'heure suscitait en lui une nausée quasi permanente. "Dis-le lui donc !" Il s'agissait aujourd'hui d'annoncer à ce pompiste de l'aire d'autoroute qu'avant soixane minutes, un AVC allait le terrasser pour le rendre hémiplégique. 

Comme d'habitude, il chercha une solution de fuite, partir, s'arracher la langue, prier pour avoir lui-même un AVC, être kidnappé par des reptiliens, sa créativité pour échapper à cette situation n'avait rien à envier aux auteurs de séries netflix. "Dis-le lui !", hurlait doucement cette voix en lui.

Ce malheur, ou don, comme une voyante l'avait déterminé, l'avait pris d'assaut le jour de ses vingt ans. Il "su" la rupture d'anévrisme de sa soeur", une heure avant qu'elle se produisît. Pris de panique, il lui hurla sans réfléchir " qu'est-ce que tu as à la tête ?". Sa soeur le regarda étrangement, comme si son propos ne faisait qu'étayer ce qu'elle savait déjà. Puis un triste sourire éclaircit à peine son visage juvénile, et lui répondit : alors c'est donc l'heure." Ce n'était pas une question, elle l'affirmait sans l'ombre d'un doute. Les minutes qui suivirent virent Amou dans un état de brouillard mental dont il ne lui resterait ensuite que quelques bribes. Sa soeur qui passe quelques appels aux différents membres de la famille, quelques messages enregistrés aux amis, un "je t'aime frangin" mal perçu, puis elle tomba, sans bruit, pour ne plus se relever, malgré les efforts des secours pour la ramener à la vie.

Ainsi commencèrent les "missions à la noix", tous les jours ou presque, il fallait annoncer une catastrophe imminente à une pauvre âme. Entre exigence de cette voix intérieure et impuissance à empêcher les drames, Amou devenait à moitié fou.

A moitié seulement.

Sa conscience était intacte, mais la torture qu'il devait endurer ne prenait jamais fin. Pourquoi donc annoncer à quelqu'un un drame sans même qu'il ait le temps de l'éviter ? La question tournait en boucle dans son esprit depuis toutes ces années, et lui avait prématurément blanchi les cheveux et terni le regard.  Pour son malheur, personne ne semblait jamais remettre en question la véracité de ses propos, il l'aurait préféré. Il détruisait l'espoir avant même le drame. 

Il maudissait Dieu, sa vie, sa soeur, qui l'avait abandonné, il se maudissait lui-même, son rôle n'avait aucun sens. Et chaque jour, il devait annoncer des maladies, des accidents, des chutes, des meurtres, des fausses couches, des attentats, et tout ce que la nature humaine peut connaître de pire.

Et puis un jour, la voix lui dit : "Dans une heure, une explosion de gaz mettra un terme à ta vie". Il s'assit, la voix ne répéta pas, lui-même n'avait jamais eu besoin de répéter son augure. Il s'assit tranquillement, et son chat vint se lover sur ses genoux. Alors c'était fini. Puis il vint à penser à toutes ces années écoulées à annoncer des drames, à son chat, ses parents et leur jardin potager, à la voisine qui lui proposait régulièrement un café, à la lumière de ce mois de mars, il se remémora le goût de la soupe à la tomate du dîner de la veille, aux différentes tonalité des pluies d'hiver, à son dentiste au sens de l'humour inimitable. Il se souvint du goût de sa première barbapapa, et du bruit des vagues, des verres qui s'entrechoquent pour célébrer, de la chaleur du soleil sur sa peau, et de chopin.

Puis il comprit. Toutes ces annonces tragiques avaient un sens, pour chacune des peronnes qui l'avaient croisé à commencer par sa soeur. Lui -même le vivait : enfin, après toutes ces années, il se sentait enfin vivant.

lundi 6 avril 2020

Rien que des mots

Les pouvoirs de la parole - Figaro psycho santé – - Le blog à palabres
Aujourd'hui il fait un temps à ne pas mettre un parapluie dehors. Un léger vent pousse doucement les gouttes d'eau vers la fenêtre et je contemple mon thé fumant avec une acuité peu ordinaire. Je n'avais jamais fait attention à cette couleur dorée si caractéristique. Les volutes blanchâtres qui  s'en dégagent forment une danse qui obéit à des lois invisibles dictées par les déplacements d'air. Il me vient une question : quel chemin amène un mouvement physique à déplacer l'air de mon thé, est-ce cela que l'on appelle l'effet papillon ? Peut-être que l'éternuement d'un chien en Alaska a provoqué un ensemble de phénomènes qui trouve pour achèvement cette forme si particulière, là, au-dessus de ma tasse.
Cette réflexion en amène une autre plus large : quel est mon effet sur le monde ? Si une action aussi automatique que bouger ou respirer peut aboutir à un effet visible, qu'en est-il des gestes anodins, mieux, des mots que je prononce, que j'écris ? Vont-ils eux aussi provoquer un mouvement ?
L'Histoire nous a prouvé à maintes reprise que c'est le cas depuis "I have a dream", jusqu'à "Imagine", en passant par "Veni, vidi, vici", certaines paroles ont eu des impacts mémorables, et ont influencé des peuples entiers.
Et mon petit propos à moi ? Mon petit "Bonjour Nadine, tu as l'air en forme aujourd'hui.", ou mon "Sortir avec toi, tu plaisantes ?". Auraient-ils des conséquences comparables ? Serait-ce un mouvement invisible qui produit un effet visible ?
Je suis un être humain normal, français, de classe moyenne, d'intelligence moyenne, de confiance en soi moyenne. Mais j'ai souvenir de ces phrases, simples et redoutablement impactantes, je me souviens à mes sept ans d'un "Que tu es maladroite" qui crée une tension dans mon ventre à chaque fois que je tente un travail un peu minutieux.
Je me souviens de ce surnom : "la poète de la classe", quand je faisais des rimes en [é] sur quelques lignes en primaire et qui aujourd'hui m'autorise à écrire.
Je me souviens des "je t'aime" qui m'ont inondée de joie, et de ceux qui m'ont fait me sentir un objet utilisable.
Je me souviens aussi des mots prononcés sans sagesse, que, pour mon plus grand malheur et celui de mon interlocuteur, ont créé une déchirure terrible. Des "tu devrais", des "tu es trop", des "moi par exemple", des "Tu n'es pas .." autant de coups de poignard. Cet adage a raison, les blessures des mots ne guérissent jamais.
Que deviennent ces impacts ? Ils se transmettent tous, Nadine a eu le sourire qu'elle a transmis à sa voisine dix minutes plus tard, celui qui "aurait dû", "était trop" ou "pas assez", s'est agacé sur ses enfants qui étaient trop remuants, et son conjoint pas assez tendre.
Les mots sont comme des caresses à celui qui les reçoit, ou comme des coups, et c'est un pouvoir extraordinaire qui nous est donné que de pouvoir les employer. Il semblerait même que ce soit la différence entre les animaux et nous. Mais quel défi, mes Amis, quel défi de porter une telle responsabilité. Alors épurons nos pensées, épurons nos propos, et peu à peu, répandons telle un battement d'aile de papillon, un peu d'Amour et de beauté à travers nos lèvres.

dimanche 5 avril 2020

Le rageux

Tout savoir sur l'ingrédient L'oeufLe rageux aime écrire, il exprime derrière son écran ce qu'il pense de ce qui est dit. Il a une nette opinion du bien et du mal, de ce qui est convenable de ce qui ne l'est pas. Le rageux est donc une personne très comme il faut. Un bien-pensant en qui l'on peut avoir confiance pour discerner le sens moral d'une publication.
Il n'est pas frontal, il ne lui viendrait pas à l'idée d'envoyer un message personnel à l'auteur de la publication fallacieuse. Il ne pourrait être lu par le plus grand nombre et c'est dommage, car son propos est intéressant. D'aucuns pourraient le croire veule, certes non, il clame haut et fort son point de vue.
Le rageux connait en général mal les tenants et les aboutissants de la discussion ou du sujet qu'il commente. Si c'était le cas, ce serait un opposant, qui serait apte à arguer contre la publication et ainsi enrichir les lecteurs d'un autre point de vue. Non, il ne sait pas grand chose, et possède ceci de rassurant que cela lui est largement suffisant pour émettre un propos fâcheux, offensant, voire carrément insultant.
Le rageux aime également s'en prendre à des publication qui demandent une aide, et par pure délicatesse, prend le temps de signifier à l'auteur à quel point son malheur lui est dû et sa solution est mauvaise (à savoir demander de l'aide). Ainsi l'auteur peut ne s'en prendre qu'à lui, s'enfermer dans sa chambre et réfléchir à tout cela pour une plus grande évolution.
Il ne supporte pas ce qui n'est pas d'un ordre militaire, et tout ceci nous rappelle une période heureuse où tout était parfaitement en ordre, et où les chefeux plonds étaient goupés drès gourts !
Certaines fois, je me demande si le rageux ne se sentirait pas un peu frustré de sa vie, très rangée, très ordonnée, ou pas du tout rangée comme il voudrait. Il essaie tout naturellement, dans sa grande bienveillance, d'éviter un tel écueil à son entourage non immédiat. 
Ou bien peut-être que sa vésicule produit un excès de bile, et que cette personne, ayant du mal à équilibrer son système, celle-ci trouve un exutoire derrière son écran. On ne saurait trop conseiller à notre ami de s'adonner à une pratique sportive intense. Et pour compléter le tout, nous l'invitons à s'alimenter suffisamment de protéines afin de nourrir ses muscles. On ne saurait trop l'inviter à choisir une alimentation bio, les oeufs proposent en cela le meilleur rapport qualité/prix. Il ne reste plus qu'à bien les faire cuire à sa convenance.

samedi 4 avril 2020

Isolement

SOLITUDE : Comment l'isolement social transforme le cerveau ...
Ah, c'est bien, tu as une terrasse, plus facile le confinement.
En effet, le confinement est plus facile quand on peut ressentir le soleil sur sa peau, qu'on ne manque ni de place, ni d'argent, ni de créativité, que l'on est en bonne santé et que les température sont modérés (imaginons avec des températures estivales ou polaires, nous ne sommes pas loin de l'enfer
mement.
Abordons ici le thème de la solitude. De nombreux foyers sont composés de personnes seules et j'en fais partie. Cette crise nous permet dévaluer d'autres éléments que ceux qui sont en couple ou en famille.
Nous avons tout d'abord vécu l'adaptation à cette nouvelle situation dans un calme tranquille. Ca n'allait pas beaucoup changer les choses pour nous, j'entends par là les solitaires : s'occuper seul, sortir pour deux ou trois bricoles, rentrer, manger et dormir seuls, nous savons faire. Ceux qui ne supportent pas la solitude se sont débrouillés pour choisir un confinement avec papa, maman, tonton Henri ou Mamie Juliette, ils ne sont plus des pièces isolées sur l'échiquier de la vie.
Nous avons tout d'abord continué tranquillement notre train-train, à peine bousculés par quelques restrictions en termes de durée et de kilomètres.
Nous avons appelés quelques proches, seuls ou en famille, un ou deux coups de fil pour renouer un lien distendu par un quotidien qui accélère le temps. Les jours passent puis une tension s'installe. On voudrait appeler plus, mas les autres ne rappellent jamais, on hésite et on laisse tomber : Je ne vais pas les ennuyer, ils sont en famille". On lit les publications des réseaux sociaux : les parents qui craquent face à une constante présence des enfants, le conjoint qui agace. Ce n'est pas notre quotidien, c'est notre rêve. Les magasins sont vidés de farine. Pas important, on ne va pas faire cuire huit cent grammes de pain pour soi tout seul.
Ce confinement nous pose en contraste. Nous n'étouffons pas de l'enfermement, nous étouffons d'être exclus. Exclus de la vie de famille, du manque de contact humain. Allez papoter deux minutes avec un passant, et il panique. Une personne qui parle est un pestiféré en puissance.
En temps normal, le célibataire qui vit seul est déjà mis au ban. Oh ce n'est pas dit, ce n'est même pas suggéré, cet état de fait est dévoilé par des comportements subtils, les "je ne voulais pas te déranger", les mensonges aussi : "on ne sait jamais si tu es libre". ou encore le simple acte de ne tout simplement pas penser à nous lors de fêtes, repas, célébrations diverses. je parle pour moi, bien sûr, mais aussi pour tant d'autres, pas si loin de moi géographiquement ou dans le coeur.
A  ce stage du confinement, nous sommes comme des animaux attachés dehors à des piquets, nous ne manquons pas d'herbe à brouter, nous manquons de contacts avec nos congénères, à en avoir mal, dans le coeur et dans le corps.  Pas une seule seconde nos proches ne peuvent imaginer cette douleur, ils ne la connaissent pas, et c'est tant mieux pour eux. 
"Pour qui est-ce que je compte ?" se demande-t-on. Derrière, une autre pensée suit : "Je ne sers à rien, je ne suis rien". Le danger se présente là, l'abysse d'absurdité de notre vie. une pensée fausse, certes, mais qui pour la démentir ?
Amis solitaires, isolés, perdus dans le no man's land affectif, ce propos, je vous le dédie.