Georges, laisse-moi dormir ! Laisse-moi dormir, je te dis, j'en ai ras le pyjama que tu me réveilles toutes les nuits pour râler. Oui j'ai changé quelques meubles de place, oui j'ai refait la décoration du salon, oui j'ai rénové la cuisine, mais tu dois reconnaître que c'était vieillot, vingt ans que j'avais envie de la changer, la cuisine. Tu ne vas pas encore me le reprocher !
Et puis tu m'agaces, je ne vois pas en quoi ça te gêne, que j'aie changé la cuisine, ça fait deux décennies que tu n'y fiches plus les pieds, dans la cuisine, moi j'y passe plusieurs heures par jour, alors maintenant laisse-moi en paix. Je travaille demain, ou cas où tu l'aurais oublié. Tu te souviens, travailler ? Se lever tous les matins à heure fixe, et exécuter les ordres qu'une autre personne te dicte ? Non ? Pas grave, bonne nuit Georges, et par pitié, oublie-moi un peu.
Papa, sort de cette chambre ! Pas question que tu me refasses ça encore
une fois, je sors avec QUI JE VEUX, et je n'ai aucun, absolument aucun
compte à te rendre, alors dégage ! Je m'en fous qu'il ait eu d'autres
femmes avant moi papa, il a quarante ans, heureusement qu'il a eu
d'autres femmes, et puis qu'est-ce que ça peut faire qu'il me soit
destiné ou pas ? Je ne vais tout de même pas vivre comme une nonne pour
l'homme Idéal que je ne rencontrerai peut-être qu'à quatre-vingts ans,
tout ça parce que j'ai un père hyper-mega-supra-invasif dans ma vie !
Fous-moi la paix. Je sais que tu sais tout mieux que moi, que tu as
acquis une certaine sagesse et tout et tout, mais là, papa, tu
m'emmerdes.
Bon sang Georges, qu'est-ce que tu fais dans les archives ? Tu sais bien
que tu ne travailles plus ici. Tu n'as pas autre chose à faire que nous
pourrir la vie, tu as encore grillé l'horloge murale et une carte sim
cette semaine, mon budget réparation bat tous les records. Ça finit par
me taper sérieusement sur les nerfs. Non on ne reprendra pas la ligne
commerciale que tu avais fixé, non on ne reviendra pas sur le packaging
que tu avais proposé, tu ne fais plus partie de l'aventure Georges,
combien de fois faudra-t-il te le dire ? Non, ce n'est pas une question
de compétences Georges, mais ça fait maintenant vingt ans que tu es
mort, il serait temps que tu t'y habitues !
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