Chère
vaisselle,
J'espèce
que tu vas bien. Ici, ça va, je m'amuse beaucoup à la plage avec
mes amis. Nous mangeons des pizzas, des sandwiches, des frites et
nous allons souvent au restaurant. Je sais que cet abandon te fait de
la peine, tu me l'as bien expliqué dans ta lettre, mais il n'est si
bonne compagnie qui ne se quitte. "après toutes les années
passées ensemble... je ne t'ai jamais laissé tombé...",
je t'en prie chère vaisselle, ne revenons pas sur le passé, j'ai
juste besoin de quelques vacances ! Reconnais que si tu ne m'as
jamais laissé tombé, l'inverse n'est pas vrai, et tu en as fait les
frais plus d'une fois ces six derniers mois.
Tu
m'as fait part de tous les efforts que tu fais pour moi : présente à
tous les repas, les apéros et les goûters. Tu t'es offerte sans
sans aucune hésitation à la sournoise brutalité d'enfants glucosés
à l'hystérie collectivo-pixarisée, tu as accepté les
expérimentations douteuses d'adolescents en quête d'alchimie
sacrée. Encore que c'était plutôt drôle le mélange coca/gel
douche/white spirit à laisser six mois dans le jardin dans un de tes
bocaux. Bon, peut-être que ça ne t'a pas fait rire, mais moi,
j'attends le jour où les alchimistes en herbe ouvriront le flacon !
Bref, pour en revenir à ta lettre, ton discours
moraliso-culpabilisateur me casse sérieusement les pieds de flûtes
de champagne. Et j'aimerais remettre quelques points sur quelques i :
- Je ne t'ai pas sauvée d'une mort certaine, je t'ai achetée sur le bon coin à un monsieur charmant. Certes, il avait l'intention de se débarrasser du carton, et de son contenu, mais on ne peut à proprement parler de mort, vu que, chère vaisselle, tu n'est pas vivante.
- Ton plat à tarte ne m'a pas "sauvé la mise" ou "arrangé des coups à maintes reprises" puisque, s'il n'avait pas été là, j'aurais fait des cakes, des blinis, ou autre recettes différentes qui chavirent autant les coeurs que ma célébrissime tourte chocolat épinards.
- Ton "incontestable éclat" n'apporte pas "une touche à la fois glamour et classieuse" à la cuisine. Tu es simplement propre.
A
ce sujet j'aimerais te signaler que tu pourrais un peu te prendre en
main. Je suis sidérée qu'après si longtemps tu n'aies pas eu assez
d'amour propre pour apprendre à te laver, sale que tu es. Je peux te
laisser un an dans l'évier, jamais tu ne penserais à te nettoyer.
Et ne me fais pas le plan de l'"échange sensuel"
par des caresses à l'éponge, là ça craint vraiment, on n'a JAMAIS
vu d'histoire d'amour entre de la vaisselle et sa propriétaire. Ca
dépasse les limites du bon sens !
Maintenant
que les choses sont bien claires entre nous, je te laisse, chère
vaisselle, car ça fait maintenant un bout de temps que mes amis la
pelle et le rateau m'appellent pour aller jouer.
Je
t'embrasse,
Annette
P.S.
: Je te ramène une authentique éponge végétale.
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