Nouvelles

samedi 27 décembre 2014

Amour contrarié

Ce n'était pas vraiment une bonne idée, au final. Mais ça partait d'un bon sentiment. 

Il avait choisi les plus belles fleurs du magasin, les roses et jaunes, il savait qu'elle adorait cette alliance de couleurs. Il avait mis sa tenue la plus seyante, avec le petit polo qui mettait merveilleusement en valeur son torse musclé, il portait le parfum qu'elle préférait et s'était méticuleusement coiffé. Tout était parfait. Il l'attendait dans le salon pendant que Barry White beuglait religieusement des paroles propres à faire fondre la brave ménagère. Il tremblait et ses mains moites révélaient un trouble qui ne faisait que s'accentuer de chanson en beuglement. Au fond de sa poche il serra pour la centième fois le paquet qui lui avait coûté trois mois de salaire. Une bouée improbable en cas d'échec.


18h23, elle n'allait plus tarder.
Il réajusta ses vêtements, alluma les bougies préparées précautionneusement depuis une heure. Il était à la torture.

18h27, la porte s'ouvrit.

Il lui dit qu'il l'aimait, qu'elle avait la première place dans son coeur, qu'il ne concevait pas le bonheur sans elle, qu'elle était son alpha et son oméga. Il lui dit qu'il n'en pouvait plus de cette relation qui stagnait et qu'il avait besoin de passer à une autre étape.

Il prononça alors le mot mariage.

Ses yeux soigneusement maquillés prirent la couleur et la froideur de l'acier. Son visage se tordit en un rictus haineux. Le fiel sortit de sa bouche. Elle parla de trahison, ce n'était pas comme ça que les choses étaient prévues et qu'il était hors de question qu'il décide de changer l'équilibre naturel des choses de cette manière. Elle argumenta ainsi longuement son point de vue.

Il pleurait, les larmes coulaient sur ses joues, sur son coeur brisé. Les fleurs fanaient dans leur vase, les bougies coulaient des larmes rouge sang, le parfum fleurai la triste fragrance de l'échec. Ses oreilles au supplice subissaient l'insupportable. Au bout d'un moment qui semblait interminable, le venin se tarit.

Il rassembla ce qui lui restait de forces, bien peu, et osa au désespoir : "Mais maman, je l'aime !"

lundi 22 décembre 2014

Lettre à ma vaisselle

Chère vaisselle,
J'espèce que tu vas bien. Ici, ça va, je m'amuse beaucoup à la plage avec mes amis. Nous mangeons des pizzas, des sandwiches, des frites et nous allons souvent au restaurant. Je sais que cet abandon te fait de la peine, tu me l'as bien expliqué dans ta lettre, mais il n'est si bonne compagnie qui ne se quitte. "après toutes les années passées ensemble... je ne t'ai jamais laissé tombé...", je t'en prie chère vaisselle, ne revenons pas sur le passé, j'ai juste besoin de quelques vacances ! Reconnais que si tu ne m'as jamais laissé tombé, l'inverse n'est pas vrai, et tu en as fait les frais plus d'une fois ces six derniers mois.

Tu m'as fait part de tous les efforts que tu fais pour moi : présente à tous les repas, les apéros et les goûters. Tu t'es offerte sans sans aucune hésitation à la sournoise brutalité d'enfants glucosés à l'hystérie collectivo-pixarisée, tu as accepté les expérimentations douteuses d'adolescents en quête d'alchimie sacrée. Encore que c'était plutôt drôle le mélange coca/gel douche/white spirit à laisser six mois dans le jardin dans un de tes bocaux. Bon, peut-être que ça ne t'a pas fait rire, mais moi, j'attends le jour où les alchimistes en herbe ouvriront le flacon ! Bref, pour en revenir à ta lettre, ton discours moraliso-culpabilisateur me casse sérieusement les pieds de flûtes de champagne. Et j'aimerais remettre quelques points sur quelques i :

  • Je ne t'ai pas sauvée d'une mort certaine, je t'ai achetée sur le bon coin à un monsieur charmant. Certes, il avait l'intention de se débarrasser du carton, et de son contenu, mais on ne peut à proprement parler de mort, vu que, chère vaisselle, tu n'est pas vivante.
  • Ton plat à tarte ne m'a pas "sauvé la mise" ou "arrangé des coups à maintes reprises" puisque, s'il n'avait pas été là, j'aurais fait des cakes, des blinis, ou autre recettes différentes qui chavirent autant les coeurs que ma célébrissime tourte chocolat épinards.
  • Ton "incontestable éclat" n'apporte pas "une touche à la fois glamour et classieuse" à la cuisine. Tu es simplement propre.
A ce sujet j'aimerais te signaler que tu pourrais un peu te prendre en main. Je suis sidérée qu'après si longtemps tu n'aies pas eu assez d'amour propre pour apprendre à te laver, sale que tu es. Je peux te laisser un an dans l'évier, jamais tu ne penserais à te nettoyer. Et ne me fais pas le plan de l'"échange sensuel" par des caresses à l'éponge, là ça craint vraiment, on n'a JAMAIS vu d'histoire d'amour entre de la vaisselle et sa propriétaire. Ca dépasse les limites du bon sens !

Maintenant que les choses sont bien claires entre nous, je te laisse, chère vaisselle, car ça fait maintenant un bout de temps que mes amis la pelle et le rateau m'appellent pour aller jouer.
Je t'embrasse,
Annette


P.S. : Je te ramène une authentique éponge végétale.

dimanche 21 décembre 2014

Panne

Chers Volusiens, chers Volusiennes.
Aujourd'hui rien. Je suis en panne.
Pas la moindre inspiration, pas le plus petit embryon d'idée, j'ai le clavier sec, le stylo en berne, le tiptip déconfit. L'angoisse de l'écran blanc.
Les fêtes de fin d'année se prêtent à la magie, au rêve et la télévision (si ça n'a pas changé depuis que je l'ai occise sur l'autel de la recérébration) nous marmelade les yeux et les oreilles de contes de fées sans fée, et moi je ressens autant de verve qu'un ordinateur de 1980.
Alors quoi, vous ne vous attendiez tout de même pas à ce que je ferme ma goule, quand même. Vous me l'auriez reproché, petits Canaillous.
J'aurais pu vous pondre une histoire d'amour fabuleuse entre une femelle épouvantail et un trotteur français, ou vous terrifier en parlant du sort dramatique des petits pois refusés par le grand monsieur tout vert (encore qu'à Noël, ça vous aurait rendu la bûche indigeste).
J'aurais pu vous faire frémir en vous narrant les aventure extraordinaires d'un doudou oublié dans le TGV Paris/Mulhouse un 23 novembre, ou vous faire pleurer devant le courage exemplaire d'un saucisson hémophile face à son bourreau un samedi soir entre potes.
J'aurais pu réveiller en vous une sainte colère face à l'inhumaine condition du virus de l'herpès et de son combat de chaque jour pour survivre quoi qu'il en croûte ou faire fondre votre honorable coeur devant les premiers pas dans la vie d'un poulpe octoplégique.
Et bien non, rien.
Je peux vous raconter au mieux qu'aujourd'hui j'ai croisé douze radars, j'ai mangé une pomme et le ciel était dégagé.
Comme mon cerveau créatif. Tiens, c'est amusant, en tiptipant mon texte, j'ai écrit creveau au lieu de cerveau.
Je vous laisse la politesse du lien, entre crevé, caveau et cerveau. De là à écrire "j'ai le ventre creux, tu va à la cave et tu nous ressers", il n'y a qu'un pas... franchi !

Je vous laisse, j'ai faim. Chers Amis, bon appétit !

vendredi 19 décembre 2014

Chagrin d'amour

Ouf, encore une journée difficile. Le corps douloureux refuse tout d'abord de se soumettre aux ordres qui lui sont donnés. Se lever quoi qu'il en coûte. Se lever et reprendre le rythme. Aller chercher à manger (il irait se ravitailler dans le hameau d'à côté, pas la force d'aller plus loin), éviter les voisins, il n'était pas apprécié dans le coin, alors qu'il résidait là depuis bien plus longtemps que n'importe qui d'autre.Les nuits sont compliquées en ce moment, et les journées sont dures. Ça fait un moment qu'il n'a pas dormi d'un sommeil réparateur. Les travaux d'à côté perturbent son repos. 
Des souvenirs reviennent le titiller. Mina appartient à son passé mais il n'arrive pas à s'y faire. Elle lui manque physiquement, cellulairement. Elle est aussi indissociable de lui que la terre qui l'a vu naître. Reviennent à sa mémoire ses yeux noirs et profonds aux mille expressions, sa chevelure qui en un mouvement renversaient ses meilleures résolutions. Voyageons, disait-elle, ce sera amusant ... allons découvrir New-York by night, ça a l'air si palpitant ! Embrasse-moi dans les catacombes de Rome, ce sera follement romantique, fais-moi danser à Paris, j'aime tellement danser. 
Et lui l'avait emmenée au bout du monde pour la voir sourire, pour se laisser fasciner encore par les perles de son rire, par sa gorge qui s'offrait dans les danses lascives où il retombant amoureux d'elle, encore et encore.Il s'était brûlé les ailes pour elle, il avait satisfait à presque toutes ses exigences, à s'en rendre malade. Bientôt sa santé l'empêcha de continuer à voyager en avion. Désormais, ce serait en bateau ou rien. Il avait trop souffert des trajets assis, des décalages horaires qui pouvait lui être fatals, de ce soleil capricieux aux rayons tueurs. Alors elle s'est lassée. "Tu te comporte comme un vieux, moi je suis bien trop jeune pour m'enfermer dans un cercueil, je te quitte."

Son coeur s'est arrêté pour la seconde fois. S'il avait eu des larmes, Dracula aurait pleuré.

vendredi 12 décembre 2014

Georges

Georges, laisse-moi dormir ! Laisse-moi dormir, je te dis, j'en ai ras le pyjama que tu me réveilles toutes les nuits pour râler. Oui j'ai changé quelques meubles de place, oui j'ai refait la décoration du salon, oui j'ai rénové la cuisine, mais tu dois reconnaître que c'était vieillot, vingt ans que j'avais envie de la changer, la cuisine. Tu ne vas pas encore me le reprocher !
Et puis tu m'agaces, je ne vois pas en quoi ça te gêne, que j'aie changé la cuisine, ça fait deux décennies que tu n'y fiches plus les pieds, dans la cuisine, moi j'y passe plusieurs heures par jour, alors maintenant laisse-moi en paix. Je travaille demain, ou cas où tu l'aurais oublié. Tu te souviens, travailler ? Se lever tous les matins à heure fixe, et exécuter les ordres qu'une autre personne te dicte ? Non ? Pas grave, bonne nuit Georges, et par pitié, oublie-moi un peu.


Papa, sort de cette chambre ! Pas question que tu me refasses ça encore une fois, je sors avec QUI JE VEUX, et je n'ai aucun, absolument aucun compte à te rendre, alors dégage ! Je m'en fous qu'il ait eu d'autres femmes avant moi papa, il a quarante ans, heureusement qu'il a eu d'autres femmes, et puis qu'est-ce que ça peut faire qu'il me soit destiné ou pas ? Je ne vais tout de même pas vivre comme une nonne pour l'homme Idéal que je ne rencontrerai peut-être qu'à quatre-vingts ans, tout ça parce que j'ai un père hyper-mega-supra-invasif dans ma vie ! Fous-moi la paix. Je sais que tu sais tout mieux que moi, que tu as acquis une certaine sagesse et tout et tout, mais là, papa, tu m'emmerdes.


Bon sang Georges, qu'est-ce que tu fais dans les archives ? Tu sais bien que tu ne travailles plus ici. Tu n'as pas autre chose à faire que nous pourrir la vie, tu as encore grillé l'horloge murale et une carte sim cette semaine, mon budget réparation bat tous les records. Ça finit par me taper sérieusement sur les nerfs. Non on ne reprendra pas la ligne commerciale que tu avais fixé, non on ne reviendra pas sur le packaging que tu avais proposé, tu ne fais plus partie de l'aventure Georges, combien de fois faudra-t-il te le dire ? Non, ce n'est pas une question de compétences Georges, mais ça fait maintenant vingt ans que tu es mort, il serait temps que tu t'y habitues !

dimanche 7 décembre 2014

J'ai laissé ma fille.

J'ai laissé ma fille.

Un Monsieur Important investi d'une Autorité Importante m'a dit que je devais laisser ma fille.

Je la dépose chez son père, un dernier sourire, un signe de la main, elle disparaît derrière le huis clos d'une porte qui m'est interdite. Je ne suis pas la bienvenue derrière cette porte qui a mangé ma fille, il fait noir sur cette porte, il fait noir autour de moi,
et j'ai laissé ma fille.

Je rentre à la maison, la voiture est vide, mon âme est vide, je suis là, face à ma maternité sans objet, il est malvenu de téléphoner pour dire je t'aime, mon enfant. Le cordon doit se soumettre à ce qu'un Monsieur Important à l'Autorité Importante a décidé en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés. Derrière la porte noire son coeur bat, son coeur plein d'amour qui a besoin pour se construire de deux éléments complètement imcompatibles : un Papa et une Maman. Le Monsieur Important a mis le problème en équation et l'a résolu en unité de temps.
Combien tu m'aimes Maman ?
  • Je t'aime un week-end sur deux, ma chérie, et la moitié des vacances, tu le sais bien. Le Monsieur Important te l'a dit !

Parce qu'il sait combien je l'aime, n'est-ce pas, ce Monsieur Important. Non, bien sûr que non, il ne le sait pas. Comment peuvent-ils savoir l'amour, eux qui le mettent en équation, qui le calculent en unité de temps. Ils n'ont pas compris l'amour, puis qu'ils jugent.
Ills ne savent rien des coeurs qui saignent et des détresses d'une mère qui ne peut suivre son instinct parce que la porte noire est close.
Es-tu heureuse, ma fille ? Est-ce qu'on te fait des crèmes au chocolat et des chatouilles, est-ce que tu éclates de rire au moment le plus sérieux de la journée, est-ce que tu te sens aimée et souhaitée ?
Comment peuvent-ils accepter un travail aussi ingrat et odieux, celui de décider qui aime le mieux ou pas ? Ont-ils connu l'Amour d'une mère ?

J'ai laissé ma fille.

Aujourd'hui commme à chaque fois, le temps a passé trop vite, l'Amour trop peu, et la porte noire a beau claquer sur le cordon, elle ne le coupe pas, elle le blesse, mais elle ne le coupe pas. Et le cordon, tel une liane, repousse plus fort, plus solide, portant toujours plus de sève. Il n'existe pas un week-end sur deux, il est, de manière intransitif, intransitoire, il est.

Et rien, absolument rien ne peut l'anéantir.

Derrière cette porte noire, j'ai laissé ma fille
et mon coeur.


vendredi 5 décembre 2014

Rencontre avec soi

La rencontre avec soi se fait le plus souvent progressivement, en douceur : on commence une nouvelle activité, on rencontre de nouvelles personnes qui vous renvoient une image de nous-mêmes un peu surprenante, parfois dérangeante. Mais au final, c'est rarement brutal.

Et puis il y a la révélation surprenante d'un pan entier de vous-même d'un seul coup. Dans une alchimie subtile, dont le sens nous échappe totalement, un jour nous est révélée une partie de nous-mêmes totalement inconnue. Ca peut se produire lors de situations de grande urgence, ou pour rien, parce que c'est simplement le moment. C'est quelque chose que l'on voit souvent dans des films, je pense ici à Bilbo, qui tiré de sa vie tranquille se révèle un courage et une personnalité totalement inconnus de lui-même.

Tout d'abord, il y a la sidération : Qu'est-ce que c'est que ce truc ? Ce n'est pas moi, ça ne peut pas être moi : je n'ai jamais été fichu de ... (finissez la phrase comme bon vous semble). Ce n'est pas possible ! Et pourtant l'évidence est bien là. Votre cerveau fonctionne à une vitesse terrifiante, tentant en vain de faire coordonner entre elles des données strictement incompatibles. L'amygdale est débordée d'une information émotionnelle qu'elle ne peut traiter pour cause de surcharge. Ce n'est pas possible, ce n'est pas moi ! Et pourtant c'est moi, en BIEN.

Ce qui prédomine, c'est ce que d'aucuns appelleraient le stress, mais il s'agit en fait d'une abominable terreur. Notre personnalité est ainsi faite, à nous les Humains que chacune des informations qui pourraient la transformer est un danger mortel. Un pan entier de votre personna vient de s'écrouler et autre chose apparaît cette autre chose qui n'est pas moi, dit le cerveau, est PLUS moi, dit la petite voix de votre conscience profonde.

Car il s'agit bien de ça, d'un potentiel inné caché bien au fonde de soi depuis toujours et qui, allez savoir pourquoi, émerge à ce moment précis à la conscience. Alors le sentiment suivant, après la peur, est l'émerveillement. Comme Bilbo s'émerveille de se voir accomplir des exploits dont il s'ignorait capable, on joue avec ce nouveau super-pouvoir. Oh certes un peu timidement au début, puis on apprend à le contrôler, et bientôt à le maîtriser. La peur s'est alors transformée en assurance, en confiance et on s'approprie ce nouveau Moi.


On se surprend à découvrir l'aval de l'entourage qui vous aiment, ou la jalousie de ceux qui vous aiment... si vous ne dépassez pas une certaine dose de bonheur. En tout état de cause, on se régale dans cette partie de soi et l'on découvre une Joie dont parfois on ignore que c'est le seul vrai guide de notre existence.  

mercredi 3 décembre 2014

Du calme !

Longtemps je me suis demandée ce que signifiait vraiment le mot calme.
Mais enfin voyons, c'est évident, me diront les gens bien, je vais donc de ce pas, de cette plume, de ce clavier, illustrer la définition du Larousse située en fin de texte.

Un couple part en vacances, les deux tourtereaux décident d'aller à la montagne dans une station bien connue, c'est le mois d'avril. Monsieur ne trouve pas l'adresse qui lui est indiquée, il s'agace, madame n'a de cesse que de lui donner d'excellents conseils, ceci ne manque de renforcer le clivage archaïque qui sépare la femme de bon conseil de l'homme de bonne action. Monsieur se dit en lui-même "Restons calme, il avait dit la première à gauche après le bureau de tabac, bon, ce devrait être là !"

La rue est étonnamment calme, pas un badaud pour assister note couple en détresse, quatre heures de route ont usé la patience de nos malheureux et madame prend finalement le téléphone pour contacter le gîte. Après quelques explications madame guide monsieur à travers le village déserté et ils parviennent au gîte désiré. On sonne, on attend devant la porte, on s'impatiente, on vient ouvrir, monsieur est dans une tension palpable, que l'amour de madame vient à peine apaiser, du "Vous avez réservé, vous êtes sûrs ?" au "Bon ben on va vous trouver une chambre, vous allez voir, ici c'est très calme." Monsieur avait réservé cette chambre depuis un mois, madame le sais bien "Reste calme, mon chéri, je t'en prie !"
Madame découvre que les ampoules ne fonctionnent pas et que la douche fuit. Elle est déçue, elle appelle l'accueil pour signaler ces petits problèmes, mais ce n'est qu'au bout de 35 minutes qu'elle parvient à joindre quelqu'un, il est 18h30. "On se calme, ma petite dame, on va vous réparer ça dans la soirée. Madame de remercier, puis de s'enquérir des lieux les plus appropriés à une bonne raclette. Ouh la la, s'entend-elle répondre, c'est que c'est la saison calme, les restaurants sont presque tous fermés, mais vous avez toujours la pizzeria chez Jojo, vous dites que vous venez de ma part !"

Devant leur pizza quatre fromages, faute de raclette, les tourtereaux aux plumes fatiguées tentent une communication apaisée; monsieur produit des efforts surhumains pour cacher sa déception, madame a de la peine pour lui. "Tu vois ma beauté, je suis tout à fait calme, on est en vacances, après tout", propos quelque peu démentis par une main crispée sur un couteau tremblant.

Retour à l'hotel et constat d'échec du changement d'ampoule. Le couteau est fort heureusement resté au restaurant, mais la main se saisit de l'interphone. La voix tranche comme l'objet susnommé et le gentil monsieur qui trouve des chambres aux amoureux susurre d'une voix miello-peu assurée, "Restons calme Monsieur, nous faisons de notre mieux !" Monsieur commence à perdre sa retenue et lance, mâle dominant : "Lui, je sens que si ça continue je vais le calmer !", mais madame a d'autres projets pour la soirée, elles'avance vers son tendre et le pousse vers le lit d'une main qui a elle seule, à ce moment précis, dégage l'érotisme d'une quinzaine d'étudiantes dans un hammam. Le lit craque et tonne, contre le mur, des clameurs sauvages traversent les murs, la chambre entière, la commode, les rideaux, les fauteuils, le tapis, se mêlent à un moment ou un autre à cette symphonie amoureuse, puis les deux corps reposent apaisés, le bonheur. Les voisins cognent au mur, sortent de la chambre découvrir les auteurs obscènes de ce boucan vesperal, les portes claques, les jurons fusent et nos deux tourtereaux, au milieu de ce raffut et de cette hostilité jalouse, jouissent d'un calme total.

  • État d'un lieu, d'un moment exempt d'agitation, de mouvement, de bruit ; lieu, atmosphère caractérisés par cet état : Aimer le calme.
  • Absence complète de nervosité chez quelqu'un ; tranquillité, maîtrise de soi, paix de l'esprit : Perdre son calme.
  • Absence de trouble, d'agitation, de désaccord, etc. : Ramener le calme dans des relations diplomatiques.



mardi 2 décembre 2014

Conduire

Je suis une personne exceptionnelle, à la vivacité d'esprit qui n'a d'égale que la sagesse des choix réactifs. Comment je fais ce constat ? C'est simple, j'ai conduit. Bah, me direz-vous, cher Volusiens, chers Volusiennes, tout le monde conduit, et il n'y a pas de quoi voter pour Star Academie. Cher Amis, vous répondrai-je avec un apitoiement à peine méprisant, c'est que vous peut-être omis de pendre en considération toutes les fonctions que la conduite peut mettre en place. Et celui qui a dit "Oh la vache, encore un topo sur le cerveau !" peut aller se faire cuire des pâtes sans gluten parce que c'est pas bon, le gluten, mais nous y reviendrons plus tard. Je prends ma voiture. Pour ce faire, il me suffit de m'approcher parce que j'ai une voiture magique qui devine quand je veux rentrer dedans. C'est pour faciliter la vie, ils disent. Ensuite, il me suffit d'appuyer sur un petit bouton qui démarre la voiture sans clef, et zou c'est parti, C'est pour faciliter la vie.
C'est alors que démarre le vrai challenge : pour faciliter la vie, on a la possibilité de brancher son téléphone sur la voiture, et comme votre humble servante se fade quatre heures de route, il est super intéressant de raconter ses misères à ses copains qui, eux, ont un vrai métier et n'ont pas que ça à faire. Donc, pendant les premiers mètres, je m'occupe, un oeil sur le cadran, un autre sur le téléphone, de connecter les deux pour qu'ils "se reconnaissent", mais bon sang je les présente chaque semaine, ces deux là, ils sont atteints d'Alzheimer ou quoi ? Le troisième oeil est bien sûr fixé sur la route. Trivial
Comme sur mon trajet je m'ennuie, parce que parfois, le tétéphone ne passe pas, je regarde la route, et sur mon trajet, j'ai pu repérer une vingtaine de radars. Je ne me suis pas outre mesure interrogée sur la limitation de vitesse dans le ciel et si les radars flashaient les vaisseaux spatiaux car en cela, nous sommes hors sujet.
Je décide donc d'un commun accord avec mon banquier qu'il est de bon aloi de ne pas compter que sur mes yeux pour repérer les panneaux indiquant la vitesse maximale autorisée et je mets en place mon navigateur de route qui sert à faciliter la vie sur l'écran tactile, et ce sur les kilomètres suivants. Un oeil sur l'écran du GPS pour connaître la vitesse , un autre sur les éventuelles indications divergentes, et un troisième sur la route. Fastoche !
C'est à ce moment là que je reçois un appel de copain, ou copine d'ailleurs. Mes trois yeux sont occupés, pendant que je beugle comme une damnée parce qu'après dix-huit mois avec ma voiture, je n'ai toujours pas compris où était le micro. Comme mon interlocuteur est aussi équipé d'une dent bleue, lui aussi braille gaillardement, et ce n'est que lorsque l'on se retrouve à deux devant un jus de poireau bio (nous y reviendrons avec l'histoire du gluten) que nous découvrons qu'il discutait du futur stage qu'il allait animer en Alsace pendant que je lui parlais des travaux de mon appartement. Il faut tout de même rendre à ces arts ce qui appartient à César : nous avons été d'accord tout le long de cette conversation routière.
Bêtement, par moments, je mets la radio, avec du boum boum parce que je fais un peu ma crise d'ados en ce moment, et que Metallica m'amuse rudement plus que Tal. Et quand un morceau me plaît, ben voilà, il faut que je regarde son titre et son interprète, qui s'affichent pour facilliter la vie parce que sinon je vais mourir ou pire, ne pas le retrouver.
Tout ceci en gardant un oeil sur la route, les limitations, le GPS, le trajet, la station radio, la beauté du paysage et la chair de ma chair, quand elle me fait l'honneur de poser son séant à mes côtés dans la voiture. Et vous savez quoi, mes Amis, PAS UN SEUL ACCIDENT DE LA ROUTE. Si ça ce n'est pas de la surefficience mentale !

Question test : que signifie pour vous l'expression faciliter la vie ?

samedi 29 novembre 2014

Les temps changent‏

1960 : Chère amie, mon médecin le docteur Durand m'a trouvée eeeeepuisee ! Il m'a conseillé d'aller prendre les eaux. J'y pars à la fin du mois pour trois semaines.
2014 : Oulah ! J'ai forcé sur les hamburgers, j'ai fait du lard et des boutons, peut-être bien qu'il faudrait que j'ailles me faire cuire un coup au hammam. 

1960 : Il parait que c'est souuuverain (partir dans les aigus sur le ou) pour le foie, j'y retourne pour la troisième année consecutive et je revis. L'année prochaine, j'y emmène mon Robert, le docteur Durand ne cesse de lui répéter qu'à se surmener ainsi, il risque l'apoplexie.
2014 : Entre le sauna et le hammam, je vais suer un bon coup et tu vas voir, bing les toxines, du coup j'aurais un organisme en béton pour entreprendre les fêtes ! Moi, des que je fais un excès, un jus de carottes et un coup de sauna.

1960 : Bonjour Madame Gérard, vous aussi vous refaites votre cure ? Comme je vous comprends, avec vos cinq enfants et le dernier qui fait de l'asthme, comme ça dois vous soulager ! Et votre goutte ne s'en porte que mieux, dites-vous ?
2014 : Salut Gégé, toi aussi tu viens te faire micro-onder, ben tu m'étonnes, vu la pression au boulot, faut bien un peu se faire plaisir ! On va au jacuzzi maintenant ?

1960 : Où ai-je mis mon peignoir ? Ah, suis-je sotte, j'ai vu du petit personnel le ranger dans le casier. C'est incroyable ce qu'il sont efficaces dans cet établissement. Leurs grooms sont tout bonnement adorables, savez-vous que l'établissement exige du personnel célibataire pour qu'ils soient plus disponibles ? 
2014 : Bon sang mais ils ne savent pas lire ou quoi ? Je ne rêve pas, il y a bien marqué "veuillez respecter la tranquillité des lieux". Si seulement ces pintades pouvaient la fermer deux secondes au lieu de raconter leur dernière cuite, qu'est-ce que la tranquillité des lieux serait mieux respectée, et si ces messieurs pouvaient un peu modifier leur regard de merlan frit face à ces pintades qui soudain semblent être devenues des gazelles ... Bon allez viens, Gégé, on y va !

1960 : Au revoir madame Gérard, et bien le bonjour à Monsieur votre mari, nous nous écrirons, n'est-ce pas, chère amie ?
2014 : Allez, bisou Copine, on s'envoie un texto et on essaie d'y aller ensemble mardi prochain ? Salue ton mec pour moi, et bise à ta puce.

In vinum veritas ?‏

Chers amis Volusiens et Volusiennes,

Hier j'ai effectué une étude sociologique absolument fascinante sur la gestion du taux de glycémie à travers les choix linguistiques propres à certaines régions de France.
En d'autres termes, comment dire que l'on est en aucune manière apte à reprendre la route après une soirée bien arrosée.
Nous ne parlerons pas de la femme qui, comme chacun le sait est toujours pompette. Ce terme manque cruellement de synonymes, contrairement aux insultes en "asse" affectées au sexe faible qui, elles, sont légion.

Dans le Nord, où votre humble servante a un peu vécu, les termes sont clairs et simples : ces messieurs sont "ivres" ou"saouls" , l'expression "avoir chaud à s'noreilles" a également été employée régulièrement en fin de repas dominicaux.
Dans le Sud-ouest, les expressions sont beaucoup plus variées : ces messieurs sont torchon-cartable, déchirés, minables,carpettes, roulés par terre, serpillère, et moultes expressions qui portent à penser que l'état visuel du sujet à haut indice glycémique présente un spectacle impropre à mettre en valeur la Nature Humaine.

Alors votre humble (et future Nobel de littérature) servante s'est interrogée sur l'intéressant clivage linguistique nord/sud.
Ce qui différencie notablement ces deux contrées est le climat. Envisageons donc la possibilité que les gens du Nord vont chercher en priorité la se mettre à l'abri du froid, tandis que ceux du Sud seront plutôt tentés de profiter des températures clémentes. Il est honnête de penser que le buveur du Nord va agir au chaud à la maison en famille, alors que celui du sud aura plus tendance à sortir dans des bars, pubs et autres terrasses proposées. Quelle en est la différence ? Et bien c'est évident, c'est le public. En effet, le gars du Nord aura un public restreint de proches qui trinquera gaiement avec lui, et qui, peut-être dans le même état, n'aura que peu de recul sur la situation, tandis que notre bonhomme du Sud, à la vue de tous, souffrira alors le regard de tous les passants qui le verront d'un point de vue tout autre, car en dehors de la terrasse. Ces passants seront donc aptes à donner une description beaucoup plus proche de la réalité, et ainsi émettre des comparaisons aussi poétiques que justes.

Mes amis, j'en conclus donc que dans le Nord, le petit coup incite à l'euphémisme, et dans le Sud, à l'hyperbole.

jeudi 27 novembre 2014

Tablette

Chers volusiens, chères volusiennes,

Suites à des demandes aussi nombreuses qu'embarrassantes, je me vois dans l'obligation morale d'écrire mon texte sur une tablette. Tout un poème, me dites-vous, mais pour les prochains jours, je ne dispose que de cette tartine plasticométallique pour satisfaire votre soif de haute littérature. Alors à coup de tiptips produit à chaque contact volontaire ou non de ma part, je produis un acte créatif à vous seuls destinés, et un peu à mon ego surdimensionné pour l'occasion. Dans cette expérience tablettiforme, je trouve tout à fait cocasse de constater que ces types de claviers sont conçus pour des doigts d'un diamètre approximatif de 0,3 mm. On peut donc émettre, selon une logique implacable, les hypothèses suivantes :

- les concepteurs ont eux-mêmes des doigts inférieurs au diamètre précité, ce qui nous amène à considérer deux possibilités : les programmeurs de tablettes sont soit des pygmées renvoyés de la chocolaterie Wonka, soit des enfants de moins de sept ans.
- Les commerciaux se balancent la cacahuète des propositions logiques des concepteurs et adaptent le format du clavier à une meilleure rentabilité. Ils pleureront plus tard lorsque leur travail ne pourra se faire sans qu'ils aient besoin à leur tour de fourrer leurs grosses patasses sur cette saloperie de biscotte géante.
- Une pitoyable erreur de saisie d'un stagiaire pistonné a donné lieu à un changement au tiers du format original des touches et repris par les différents espionnages industriels est maintenant institutionnalisée et c'est tant pis pour l'utilisateur.

Pour ma part je pencherais volontiers en faveur de la théorie des enfants eu égard à l'absence totale d'accents sur ces fichus bloc-notes de tablettes. Tout le monde sait que les accents et la grammaire, ça ne sert à rien ! J'illustre mon propos grammatico accentué : la différence est minime entre ces deux phrases : Bocassa mange et parle plus fort ou bien Bocassa mangé par le plus fort.
Messieurs les concepteurs de tablettes, vous n'êtes que des pousse-au-cannibalisme.

lundi 24 novembre 2014

Baptême, ce 24 novembre 2014


Voilà, ce blog commence par un titre fort explicite. Pourquoi l'ai-je choisi ? Et bien chers Volusiens, chères Volusiennes, la raison en est simple, tellement simple qu'il serait trivial de la signaler. Bonne soirée et à bientôt.

Comment ? Vous insistez ? Mais bien sûr que ça a un sens. Vous voulez le connaître ? Très bien, euh, voilà : tout a commencé un soir de beuveries. 
Une douce amitié entre une piña colada au tempérament affectueux et votre humble servante donna lieu à une discussion plus qu'animée sur le sens de la vie et la confection des macarons au chocolat. Les quelques proches qui m'épaulaient dans la dure tâche de fournir une raison d'être à cette boisson sucrée étions tranquillement en train de dire des âneries sans nom que seules les soirées entre potes peuvent susciter quand soudain, au détour d'un défi aussi crétin que passionnant, l'un d'entre nous (non, monsieur le Juge, je ne me souviens vraiment pas de qui c'était) eut l'idée de parler de géométrie sacrée. Et de bavarder sur le nombre d'or, dont le calcul est beaucoup plus simple à deux grammes dans le sang, de la forme des pyramides et des spirales des hypnotiseurs. Un autre défi lancé à deux grammes trois centra le sujet sur les différentes utilisations chez Madame de Rotschild de l'imparfait du subjonctif et de la pince à crustacés. Enfin, le passage de la barre fatidique des trois grammes nous donna l'occasion de chercher le point commun entre ces différents éléments.

Attendu que certains fumeurs nous empestaient malgré la loi promulguant l'interdiction d'empester,

Attendu que les formes spiralées et le passé simple du verbe vouloir se côtoyaient dans une conversation plus que hasardeuse,

Attendu que votre servante est landaise (40) et âgée de quatre décennies exactement (je suis au final plus proche de trente que de vingt, n'est-il pas ?)

Et attendu que de toutes façons, le mot volutes seul n'était pas accepté par blogspot, un petit farceur ayant anticipé mon futur succès s'empara du nom avant moi,

ce dernier s'intitule 40 volutes et puis c'est tout.

Bienvenue !

Chers Volusiens, chères Volusiennes, je vous souhaite la bienvenue sur cet espace.