Nouvelles

samedi 26 décembre 2015

Le lion et la chouette


Le lion cet être prétentieux
Se croyait l'élu sous les cieux
Tous les jours il se pavanait
Pensant toujours être bien né

Assez souvent pendant la nuit
L'astre éclairant disait de lui
Il ne va pas durer longtemps
Le règne de ce fainéant

Se reposant sur ses lauriers
Pensant avoir tout mérité
Il oublie qu'il a du travail
Laissé en plan depuis un bail

Une nuit surprit le tyran
Laissant apparaître d'un coup
Un oiseau au visage blanc
Et son cri tel celui d'un loup.

Le roi n'en fut que peu troublé
Confiant qu'il ne pouvait tomber
C'est alors que la brave chouette
Lui fit ses besoins sur la tête.

"Comment osez-vous, misérable
Léser ma crinière honorable
Vous allez méritez le sort
Que voit tout condamné à mort."

Dans un tableau bien ridicule
L'on vit le roi se démener
Pour essayer d'emprisonner
Le bel animal qui hulule.

"Ouvrez les yeux et regardez
Monsieur qui sur le sol rampez
Votre pouvoir est illusoire
Si mal en pis vous l'employez

Il est grand temps de vous y mettre
Ou j'orne la royale tête
De quelque production unique
Ce faisant, je vous fais la nique."

Moralité :
Si roi vous voulez devenir
Dans un chapeau tient votre avenir.

vendredi 25 décembre 2015

Noël

Le père Noël observait ce petit garçon qui le fixait sans ciller.

"Alors Père Noël, tu ne m'as pas répondu, comment tu fais pour voler en traîneau, est-ce que vraiment tous les enfants du monde reçoivent des cadeaux ? Est-ce que tu n'as pas trop chaud avec ton manteau rouge quand tu es en Afrique ? Comment ils font, les rennes pour voler ? Comment tu fais pour livrer tous les enfants du monde la même nuit ?"

Le vieux monsieur était perplexe. Jamais on ne lui avait posé toutes ces questions, et il ne savait pas y répondre, il faisait son travail, tout simplement, sans se poser plus de questions.

"Alors vraiment tu ne peux rien me dire ? Mais je voudrais savoir. Et tous mes amis aussi."

Le brave homme eut une idée, et exposa au jeune garçon curieux sa vision du métier, de sa vie en somme. Le petit garçon écouta très attentivement ce que le bonhomme en rouge avait à dire, l'embrassa de toute la force de ses petits bras, et repartit chez lui.

Cinquante ans plus tard, un vieux monsieur au regard sage, fatigué, mais à l'étincelle enfantine encore bien présente, reçut la question de sa petite-fille "Dis Papy, comment il fait le Père Noël pour livrer tous les enfants d'un coup ? Et comment il fait pour voler, son traîneau ?"

L'Ancien donna alors à sa descendance la réponse que lui avait faite le vénérable Homme en rouge :" Dis-moi, ma petite fille, es-tu capable de me donner la preuve absolu qu'une personne ne peut être à deux endroits en même temps ?
- Euh, fit l'enfant, il faudrait vérifier partout sur la Terre.
- Exact, es-tu en mesure de m'affirmer qu'un objet ou un animal ne peut voler ?
- Les oiseaux et les avions peuvent voler, mais pas les rennes.
- As-tu déjà vu ces rennes de tes yeux ?
- Non, bien sûr que non.
- Donc rien ne s'oppose à ce que le père Noël puisse voler avec un traîneau.
-...
- Et surtout ma petite, préfères-tu croire que tout est possible, ou que le possible s'arrête à ce que tu connais ?"
La petite-fille d'Albert Einstein se tint coite, câlina son grand-père, et fila jouer avec son chat.

vendredi 11 décembre 2015

L'expérience de trop

Il observa attentivement sa collaboratrice, cherchant à déceler dans son regard le moindre indice indiquant qu'elle plaisantait, et n'en trouvant pas, jeta entre eux :
"C'est une blague, dis-moi que tu rigoles." Elle planta son regard dans le sien, ne lui laissant aucun doute sur ses intentions.
"On ne peut pas faire ça, c'est... C'est ... contre nature, amoral, pas éthique. On ne peut pas faire ça."
Il avait scandé sa dernière phrase, comme si les mots prononcés plus fermement devenaient plus vrais de la sorte. "Mais tu imagines, c'est une véritable amputation, on va tous les rendre fous, ça frôle le génocide, c'est un génocide. Nous sommes responsables d'eux. Certes, leur existence est vouée à l'expérimentation, et nous ne nous en sommes pas privés, mais là, ça va trop loin.
  • Trop loin, je ne crois pas, c'est l'expérience finale qui nous permettra de voir si les différentes mutations apportées sont opérationnelles.
  • NON ! ", Il avait hurlé sans s'en apercevoir, "Non, on leur a limé les dents, on leur a tondu leur fourrure, on a chimiquement trifouillé leur centre instinctif. Ils ont le bulbe rachidien en vrac les organes ou sous-régime, même un caillou pleurerait devant ce qu'on leur a infligés.
  • Tu oublie qu'ils l'ont tous accepté, chacun d'entre eux.
Son ton froid et posé l'exaspérait au-delà de tout.
  • Mais ce sont des animaux à peine conscients de ce qui leur arrive, on ne peut pas dire qu'une fourmi choisit d'être écrasée ou une méduse de vivre dans tel ou tel océan, bon sang, il faut raison garder, et là, tu l'as clairement perdue.
  • C'était le contrat de départ, et c'est comme ça, tu ne peux rien y faire et moi nous plus. Je te prie donc d'arrêter ce sentimentalisme déplacé. Ils ont donné leur accord autant que tu l'acceptes."
Il prit quelques minutes pour rassembler ses idées, et plus il y pensait, plus ces pauvres bêtes avaient effectivement demandé à être coupées. Insoutenable. Un haut-le-coeur le saisit et il courut vomir dans les toilettes du centre de contrôle. Puis il fut pris de sanglots incontrôlables, la honte, la peur pour ces misérables bêtes, sa propre impuissance à ce qu'elle osait appeler un choix lui coulaient par les yeux.
Il revint abattu dans le laboratoire, vaincu, et ne put saisir dans sa détresse le regard rougi de sa collaboratrice.
  • "Alors on les coupe ... "Son ton était résigné, presque surpris.
Ils lancèrent le processus le lendemain. Il s'agissait de les faire passer dans un champ électromagnétique qui aurait pour effet de dissoudre le tube qui les reliait au Générateur Central, et qui du même coup anéantirait tout souvenir précédent cette opération. Ils ressortaient de là perdus, terrorisés, comme fous, et nos deux amis assistaient à la cruauté de ce spectacle. Ils l'ont choisi. Ils remirent ensuite leurs petits Humains dans leur vivarium Terre.

mercredi 9 décembre 2015

Et maintenant je fais quoi ?

Ah, cette merveilleuse période de la vie où l'on se retourne sur ses choix sans trop savoir qu'en penser, les "si j'avais su", les "j'aurais dû", et pire que tout les "je pouvais mais je ne le savais pas". On se retrouve un soir de solitude à faire et refaire un bilan illusoire des micro et macro-choix qui nous ont amenés là où nous en sommes.

J'en suis donc là, entre ma tisane et ma grosse envie de m'enfuir en courant tout droit dans le ventre de ma mère qui, lui, était incroyablement confortable. Pas de déplacements ingérables, de calculs improbables de TVA, de quête au client qui vous fera la grâce de vous choisir plutôt qu'un autre ... Mais bon, soyons honnêtes, je ne pouvais pas choisir mon menu, et il y a tout de même une limite à l'absence de choix que diable !

J'interroge ma tisane, bon, et maintenant que je suis tétanisée de peur, que je me demande pourquoi je me suis délibérément mise dans cette situation, et bien sûr que je ne peux pas compter sur l'aide de qui que ce soit, que fais-je ? La tisane me regarde paisiblement, berçant tendrement les miettes de macaron qui churent malencontreusement de ma bouche lors de ma dernière extase sensuelle datent déjà de quelques minutes.

Et bien tu l'as voulu tu l'as eu.
Débrouille-toi toute seule.
Arrête de te plaindre pour un rien.

Mon cher mental culpabilisateur, je te demande de bien vouloir fermer ta grande g... gigantesque capacité à dramatiser. Je vais m'adresser à un autre interlocuteur. Plus sage, et dont je sais qu'elle a toujours raison : la copain/copine team.

C'est une connerie.
Tu sais que c'est une connerie.

  • Mental, tais-toi !
  • Mais c'est pas moi ! C'est la Conscience.
  • M'en fous, j'appelle mes copines.
Il faut à X-OR moins de 5 centièmes de secondes pour se transformer en shérif de l'espace.
Il m'en a fallu 2 millièmes pour comprendre que mes cop's ne pouvaient rien pour moi.
Réaction numéro 1 : Oh toi, tu arrives toujours à t'en sortir. (ouais ben là, je vois pas comment...)
Réaction 2 : Oh, toi et tes hauts et bas, on a l'habitude. (C'est pas agréable pour autant).
Réaction 3 : La copine qui tente un soutien quand elle-même est au trente-sixième dessous. En général, ça ressemble à un enfant de trois ans qui essaye de servir un verre d'eau à un autre enfant de trois ans : le geste est noble, mais quelque peu inefficace.
Réaction 4 : le copain qui a toujours une bonne solution comme aller boire un verre, penser à autre chose, ou se trouver un mec pour la soirée.

Je décide de revendre mon téléphone pour m'acheter une île déserte, ou du chocolat, ou des macarons qui ne font pas de miettes.

En même temps, c'est vrai que depuis huit lustres et des brouettes, j'ai toujours fini par trouver une solution à tous les problèmes.
Mais tu as vu dans quel état de te mets, tu devrais avoir honte !
Cerveau, tais-toi.
Oui, laisse-moi en placer une.

Qui vient de parler ? C'est encore ma Conscience ?

Non, c'est moi, le coeur. Alors maintenant que je peux enfin être entendu, et que l'autre qui se prend pour le grand chef la ramène moins, je vais t'expliquer deux trois trucs :
Et d'une tu as fait des choix que je t'ai dictés, et pas le sieur tronche de noix là-haut.
Et de deux, forcément ça ne lui a pas plu, alors il se défend comme un beau diable.
Et de trois, c'est ton âme, donc toi, la personnalité en moins, qui m'a dicté ces choix : tu voulais absolument développer de nouveaux aspects de toi-même, on ne peux rien développer de neuf dans des ancien systèmes.
Et donc tout ceci part du postulat que tu te mets en situation pour faire ce que tu est déjà capable de faire.
Alors la peur est inévitable : ton cerveau te met en état d'alerte maximum puisqu'il ne connaît pas la situation.
Mais tes copines savent bien au fond d'elles que tu ne cours aucun risque. Et toi aussi tu le sais.

Forcément vu sous cet angle, c'est un peu différent. Alors la peur vient, elle passe, je la dépasse et me surpasse.

Voilà, tu as compris.
Et du coup en attendant je fais quoi, moi ?
Mange des patates.
Pardon ?
Mange des patates, les émotions fortes, ça épuise.

mardi 7 avril 2015

C'était un jour d'automne, les feuilles tombaient doucement de leurs branches, Eloi aurait dit que les feuillent neigeaient. La douce poésie de leur vol vertical le voyait songeur. Il se versa à nouveau une tasse de thé bien chaud. Le moment était parfait. Il le savourait. 

Quelle ne fut pas sa surprise quand il entendit sonner à la porte. Il n'aimait pas beaucoup les visites imprévues, ni les visites tout court, d'ailleurs. Sa vie retirée dans la forêt lui convenait parfaitement.

"Dis, tu viens jouer avec moi ?". L'auteur de ces propos ne devait pas dépasser un mètre trente. Le regard fixe et pénétrant, presque intimidant de tout être qui se sent légitime planté dans celui, dissimulé par des lunettes, de son grand interlocuteur.
 Eloi ouvrit la bouche, puis la referma, éberlué par l'audace de ce petit bonhomme. Il reprit cependant ses esprits, au bout d'un long, interminable moment de silence : "Tu as un sacré toupet de frapper chez moi, qui ne te connais pas, pour me demande de venir jouer. File donc retrouver ta maman, elle doit s'inquiéter."

Il regarda petit garçon s'éloigner en sautillant à cloche-pied, puis referma la la porte en marmonnant d'inintelligibles propos sur le manque de savoir-vivre de la société actuelle, et le bien fondé d'un éloignement de cette dernière.

Le lendemain matin, étonné fut-il en entendant à nouveau sa sonnette. Décidement, il ne voyait pus l'intérêt de vivre au fin fond d'une forêt si c'était pour être constament sollicité par des importuns. "Dis, tu viens jouer avec moi ?"  L'audace de ce petit garçon prit Eloi au dépourvu, il ne s'attendait aucunement à ce que ce bout d'homme vînt un jour de semaine pour le détourner de son quotidien. "Ecoute-moi bien, petit, je ne sais pas qui tu es, ni ce que tu fais ici au lieu d'être à l'école, mais je n'ai aucunement envie de jouer. La vie c'est sérieux, un vieux monsieur comme moi a des choses importantes à faire, je n'ai pas le temps de m'amuser.
- Alors à quoi ça sert de devenir vieux, si on ne joue pas ?
- Et bien, à plein de choses, on acquiert de la sagesse.
- Et c'est quoi la sagesse ?
- C'est faire la différence entre ce qui est important et ce qui ne l'est pas.
- Et c'est quoi ce qui est important ?
- Et bien je suppose que c'est vivre en accord avec soi-même !
- Ca veut dire quoi ?
- Faire ce qu'on aime.
- Et toi tu aimes pas jouer ?
- Mais si, euh, enfin, ce n'est pas si simple.
- Pourquoi ?
- Je ne sais pas, fiche-moi la paix, tu devrais être à l'école à l'heure qu'il est.
- Bien Monsieur, à demain".

Ce brave Eloi passa la plus mauvaise nuit de toute sa vie. Il se revit enfant, à travailler à l'école pour "avoir un vrai métier comme il faut", il se vit jeune homme, les soirées studieuses l'empêchaient de fôlatrer. Il se vit homme mûr, travaillant comme un fou pour être le meilleur. Il avait oublié quelque chose en cours de route, mais quoi ? Il avait fait tout ce qu'on lui avait demandé d'accomplir de la manière la plus parfaite possible. Qu'avait réveillé le petit garçon pour le tourmenter de la sorte ?

Le lendemain, le petit garçon revint.
"Tu viens jouer avec moi ?
- Je ne sais pas jouer, mon enfant, je n'ai jamais joué.
- Oh, alors c'est très grave, Monsieur, je vais te montrer" Et l'enfant lui montra tous les jeux dans la forêt, et Eloi se souvint de tout, de ses fugues dans les bois, de ce vieillard qu'il avait entraîné dans ses jeux, de l'enfance, du bonheur, de la Joie.

Et mantenant dans les bois, on voit un Vieil homme qui rit aux éclats comme un enfant, qui joue au ballon et entraîne tout les promeneurs dans son silllage.

dimanche 5 avril 2015

Un sourire

"Bon alors, tu veux mettre quel tee-shirt, ça fait trois fois que tu changes d'avis. Une voix lasse, où une colère naissante le dispute à une résignation fatiguée.
  • Maieuh ! Je t'ai dit que si mon jean rouge n'est pas propre, je ne peux pas porter le tee-shirt Hello kittie avec le bleu, ça va faire nulleuh !" La mère ramasse les épaves d'essayages pour les ranger dans l'armoire. Elle pourrait passer une heure à exiger qu'ils soient rangés , mais la Fille doit partir dans dix minutes pour le collège. Ca remettrait à ce soir, entre les devoir, le couvert, les dents à brosser, le linge sale à mettre au sale... Elle le range, donc.
  • "Tu t'es coiffé les dents et brossé les cheveux ?" Une petit blague entre elles qui durent depuis deux lustres maintenant. Non, la Fille ne s'est pas lavé les dents et répond donc tout naturellement : " Ben-oui-tu-m'énerve-maman-tu-me-prends-pour-un-bébé-ou-quoi ?
  • Va te laver les dents, et tu ne sortiras que coiffée convenablement !
  • Y'en a maaarrre, on ne me croit jamais dans cette maison !"
    Ben voyons !
Comme chaque jour la Fille va partir en retard pour le collège, en accusant la Mère d'être responsable de son retard à cause de ses fichus brossages de dents. En réalité, ce n'est pas vraiment le terme qu'elle emploie, mais la mère ne cède pas là-dessus, et elle la reprend jour après jour, gros- après gros mot.
Papa, Lui, il lui fiche la paix avec ça, elle n'arrive pas en retard à cause de lui, et puis avec lui, il fait toujours beau et les poules pondent des oeufs en or.

Un baiser, un "Bonne journée", et ce soir la Mère retrouvera sa fille qui déversera sur elle toutes les frustrations de la journée. Le prof irrespectueux qui s'énerve "pour un rien", le méchant, les copines qui ont oooosé lui mentir alors qu'elle est parfaitement sincère (sa mère et le coup des dents, ça ne compte pas), en plus en sport elle a failli mourir de l'orteil gauche et personne ne l'a secourue, et les garçons de la classe sont tous des crétins, sauf Norbert qui est un double crétin ...
La Mère encaisse, jour après jour, année après année, et livre des combats quotidiens :
les dents,
les cheveux,
range tes affaires,
on ne parle pas comme ça,
tu as pensé à ton cahier ?
Et la Fille réplique :
Y'en a marre !
J'ai faim,
Je peux inviter mes copines ?
Il n'y a plus de chocolat.
J'ai quand même le droit de regarder un film !
Tu as pensé à mon cahier ?

La mère s'épuise, se pose des questions, culpabilise de tout et son contraire. Et la nuit, pour se rassurer, elle entre dans la chambre de la Fille et dépose sur la tempête de cheveux qui recouvre son visage d'enfant un baiser égoïste, un baiser d'un maman qui veut retenir l'enfance. Elle qui passe ses journées à faire grandir la Fille, à cette heure, cette Pénélope désire du fond de sa chair défaire le travail de la journée.

Et en réponse à ce baiser contre nature, dans la mauvaise foi des enfants qui font croire à leur parents qu'ils dorment, la Fille offre à la Mère un cadeau sans prix


Un sourire.

dimanche 15 mars 2015

Fausse route

"Force de la Nature, ô Grand Créateur, dis-moi les secrets de l'univers.
Ô Divin Maître, donne-moi la science de tout ce qui est dans le cosmos et ailleurs.
Ô toi mon Seigneur, enseigne-moi !

- Pour quoi faire ?

- Hein ?

- Je suis ton Seigneur, tu m'invoques sans relâche depuis des décennies, tu as suivi une ascèse des plus strictes pour m'approcher, et pour atteindre les secrets de l'Univers, tu as fait le tour de la terre les pieds nus, tu as rencontré toutes les religions, tu t'es essayé aux pratiques les plus ardues. Tu peux bien me dire pourquoi tu veux les connaître, ne crois-tu pas ?

-Ah, mon Seigneur, tu m'as donc vu et entendu ! Oui j'ai quitté tout ce que j'avais, j'ai renoncé à une vie dans le monde pour m'isoler et me consacrer à toi, j'ai quitté ma femme et mes enfants, j'ai abandonné le luxe de ma vie confortable, j'ai renoncé à mes amis, j'ai abandonné mon pays pour m'isoler dans mes montagnes pour me rapprocher de toi. Par amour pour toi, par dévotion...

- Je te repose la question : pourquoi veux-tu connaître les secrets de l'Univers ?

- Et bien pour connaître l'Eveil, pour être un homme accompli et réalisé, pour avoir l'Extase.

- Pourquoi veux-tu connaître l'Extase ?

- Enfin Seigneur, tout-le-monde recherche l'Extase, le bonheur absolu.

- N'es-tu pas heureux déjà ? Tu es vivant, tu mènes la vie que tu as choisie, ta santé est rayonnante. 

- C'est que Seigneur, dans l'Extase, je jouirai d'une pure Joie qui me fera oublier mes frustrations, et me détachera de mes besoins.

- Bien. Que la Connaissance te soit donnée."

L'Homme reçut toute la Connaissance de l'Univers, il vit les secrets de la nature, la terre, la voûte céleste, et encore au-delà de ça, il vit une grande enveloppe qui protégeait l'Univers, elle-même entourée d'une masse palpitante dans laquelle circulait un fluide, qui inondait autour tout un réseau de différents univers. Il les visita tous, sans plus de limite de temps que d'espace, il évolua dans les méandres de l'infini, et prit conscience enfin que cette forme lui était singulièrement connue. Le coeur qui battait au-delà de l'univers était le sien. Ce coeur était abîmé, usé par l'absence des gens qu'il aimait, gâté par trop de chagrins refoulés. L'Eveil devait lui effacer ses besoins, mais il comprit qu'il avait fait fausse route : il était face à ses frustrations qu'il avait tant cherché à fuir.

Et après trente ans de cette vie erratique et misérable que son orgueil spirituel l'avait amené à vivre, il ne rêvait au final que d'un chocolat chaud avec sa famille au coin du feu un soir de Noël.

vendredi 13 mars 2015

Mental

Bon réflechissons. On m'a dit qu'il fallait que je prenne conscience des émotions négatives pour m'en libérer. Mais elles sont négatives, alors je n'ai pas trop envie d'aller voir tout le bazard, d'autant que j'ai un mail à faire et une copine à appeler.
Et puis c'est quoi une émotion négative ?

"Moi, moi, je sais, je sais !"

Ca veut rien dire une émotion négative. Tiens par exemple, la colère. On dit que c'est une émotion négative. Et bien je trouve ça rudement chouette, la colère, elle tient chaud, et quand on l'a en soi, on trouve que tout est la faute des autres. C'est quand même plus sympa de se dire qu'on a raison et que c'est l'autre qui est un demeuré congénital, non ?

"En fait c'est pas exactement le propos, l'idée c'est d'être libre..."

Et puis une émotion négative, ça doit être en-dessous de zéro, puisque c'est négatif. Mais moi, quand je pique une bonne crise, j'ai super chaud ; pratique en hiver.

"Certes, si tu piques ta crise, c'est que tu prends conscience de tes émotions..."

Et cette manie de se regarder le nombril constamment ! Il vaut mieux se faire un bon film, quand même, non ? Et si vraiment ça va pas, on regarde le vingt heures et on voit qu'il y a pire dans le monde.

"Mais ce n'est pas une solution, c'est une fuite"

Rrahh, mais qui me parle depuis tout-à-l'heure ?

"C'est moi, ton Moi Supérieur, et j'te ferais savoir d'ailleurs que ça fait DES ANNEES que je te cause !"

Juste explique moi pourquoi je t'écouterais toi plus que moi ?

"Parce que, bougre d'andouille, je veux ton bonheur et ta Joie, et pas l'espèce de tiédeur sordide dans laquelle tu te vautres depuis des décennies. Alors maintenant, tu te sors les doigts du nez, et tu cesse de te regarder le nombril (car c'est ce que tu fais) pour t'occuper de ton coeur. "

mercredi 11 mars 2015

Qui l'eût cru ?

Le pauvre homme était abasourdi. Il n'en croyait pas ses oreilles.
"Tous, vous en êtes sûrs ?
-Oui, tous."
Il passa sur son front en sueur une main qui semblait trop faible pour tenir une telle responsabilité. Cette annonce serait sa dernière.

"Alors il va falloir l'annoncer."

Le symposium avait duré près de quinze jours. Un record absolu. Tous les participants avaient dû annuler d'importants rendez-vous pour venir à bout de cette terrible problématique, les débats avaient fait rage entre les différents participants. Au sens propre, d'ailleurs, puis qu'un neuropsychiatre au comble de l'exaspération avait mordu un jésuite. C'était au jour 8. 

Les philosophes, les religieux de toute obédience, les psytrucs et les neuromachins, les tout-ce-qu'on-peut-ologues, s'étaient pris la tête, le chou, le bec, et il avait fallu attendre une éternité de quinze jours de délibération pour parvenir à la plus grande conclusion depuis la création de ce symposium humanité défrichée, humanité déchiffrée. 

 Deux ans de préparation, des travaux préliminaires qui avaient mobilisé la population de la Belgique, deux ans d'études, d'analyses, d'expérimentations et d'observations. Même les journalistes, touchés par l'ambition pharaonique du projet, s'étaient spontanément résolus à partager leurs connaissances et leur énorme documentation.

Le porte-parole prit alors place devant la presse, la tension était insupportable.

"Après de grands travaux de recherche, nos meilleurs experts ont rendu la conclusion d'années de travail." Il reprit son souffle un instant.

"Nous sommes formels : les auteurs de massacres, les hommes politiques, les personnes de pouvoir, les chefs de multinationales sont eux aussi dignes de respect et d'amour."

mardi 10 mars 2015

Je suis une reine... et je suis de retour

Voilà voilà, mon Royaume est bien propre et net, lavé de tous les bandits qui menaçaient sa tranquillité. Je maintiens mon port altier, et quand je vais aux conférences de l'ONU, je déclare sans problème que TOUT VA BIEN, mes chers voisins rois et reines, tout va bien. Je n'ai aucun problème intérieur, la pax romana, ou plutôt la pax carolina se maintient. Je me promène dans mes Terres, satisfaite du travail accompli, ete les peurs, culpabilités, colères et autres jalousies sont maîtrisées. 

Bon, peut-être que j'ai deux ou trois élements perturbateurs. Tiens, la semaine dernirère, une colère est venue envahir mon royaume : je voulais aller au cinéma et je n'ai trouvé personne pour m'accompagner. et bien la colère est venues brûler des récoltes et des maisons. 
Au final je me suis rendue compte que c'était une bonne chose, parce que j'ai passée une excellente soirée avec moi-même.

Puis mes Gens m'ont dit que la récolte avait été préalablement gâchée par un parasite, et que les maisons tenaient à peine debout, il convenait donc de les abattre pour en construire de nouvelles. 

Mon sylvain (vous savez, le bâtisseur), m'a dit que les constructions de temples s'avançaient bien, et que le poids de sa baguette était essentiellement dû à la charge excessive d'énergie qui s'y était accumulée avant qu'il sache comment l'utiliser.

Par contre, vous verriez les pays voisins, mes Bons, une ca-tas-trophe ! En Sophianie, les rancoeurs s'accumulent et sont totalement incontrôlables ;  en Robertie, les peurs passent leur temps en grêve et paralisent le pays et en Georgistan, la culpabilité décapite à tour de couteaux rouillés (oui, ce sont vraiment des sauvages, les culpabilités).

Les pauvres, ce n'est pas bien rigolo.

Non, chez moi tout va bien, à part peut-être quelques vertiges de temps en temps. J'ai l'impression que les murs dansent. Non, rien de grave, c'est juste une impression.
Que les murs dansent.
Que tout cela est un décor.

Bon sang de bon sang de bonsoir de crotte de saucisson végétarivore, c'est un décor !
Ah mais non ce n'est pas vrai, il m'a encore fait le coup, le salopard, il m'a mis un mur de bonheur et derrière c'est Beyrouth. Le pays est totalement dans le chaos, il faut reprendre les choses encore une fois. 
Mais qui ça, me demandez-vous ?

Ben l'Ego, tiens !

samedi 7 mars 2015

Au travail

A peine entamé le petit-déjeuner, que mon cerveau part déjà au travail. Il monte sur son petit vélo, et pédale, pédale, pédale. Que tu es courageux, mon Petit Cerveau, que tu es vaillant de produire autant d'efforts ! De tous les petits cerveaux qui pédalent, tu es de loin le plus efficace, et Dieu sait qu'il y a des cerveaux efficaces.

A la pause de midi, Petit Cerveau ne s'arrête pas : il s'informe sur ce qui se passe dans le monde, et ça lui donne des tas d'idées pour pouvoir pédaler sur son petit vélo. Comme il est chouette mon petit Cerveau, ne trouvez-vous pas ? Toujours à se muscler pour être toujours plus actif et puissant. Je suis tellement fière de lui ! Je lui ai donné des tas d'années d'étude, etje lui ai appris à être raisonnable. Tout le monde devrait en faire autant, n'est-ce pas Petit Cerveau ? Tu es ma fierté et mon gage de réussite. Et tu fais tourner le monde. 

Quoi, qui me dérange ? Qu'on me laisse tranquille, enfin, je parle de mon précieux Cerveau. Je disais donc avant d'être grossièrement dérangée dans mon laïus dithyrambique (ça c'est une expression de mon cerveau, elle est belle, n'est-ce pas ?) que mon cerveau était le chef à la maison, si tout se passe bien, c'est grâce à lui, il fait avancerla machine et...

Quoi, encore ? Qu'est-ce qu'on me demande de regarder le vélo du Cerveau, tu ne vas donc pas me laisser tranquille ? Fiche-moi la paix !

Et c'est très important d'avoir le cerveau alerte et bien musclé, on vit tout de même mieux...
Non mais c'est pas un peu fini ce bavardage pendant que je parle ? Bon, qu'est-ce qu'il faut voir ? Le vélo de mon Petit Cerveau ? Comment ça du sur-place ? Ah, tiens, oui, c'est vrai. Mais alors qu'est-ce qui fait avancer ? Ton moteur ? Mais qui es-tu ?

- Le Coeur.

mardi 3 mars 2015

La loi de Murphy.


Je ne sais pas quel est le pingouin qui a sorti cette merveille de bêtise de son cerveau décongelé, mais il aurait aussi bien pu aller se faire cuire un steack de phoque.

Parce plein de bonnes choses peuvent se produire qui n'étaient pas bien parties au départ. Comme par exemple une queue au supermarché, pile celle qui bloque quand vous vous y installez, comme le veut la loi de Murphy ou LEM (loi de l'enquiquinement maximum). Je dois hurler à la rectification de cette loi, et si vous n'aviez pas eu la tête dans ce que vous étiez en train de ne pas faire, vous auriez très certainement contemplé l'être magnifique sorti(e) d'un magazine de mode qui vous souriait l'air de rien en attendant que le mouvement reprenne. Et les trois heures de queue interminable étaient au final un billet pour le paradis.

Et la tartine qui tombe du côté de la confiture, vous y avez songé ? Bien sûr, avez la confiture qui collle quand on la nettoie et le beurre gras sur les mains. Et avez-vous remarqué que du bas de la table de la cuisine, on a une vue imprenable sur cet oiseau dans l'arbre, dont vous ne contemplez que le tronc depuis votre installation en 2003 ? En plus, il n'y a plus de pain, vous mangerez un fruit, le premier de la semaine (et on est jeudi !)

Vous vous êtes entendu beugler sur "cet abruti de gros-cul (entendez camion) qui veut pas avancer, le crapaud". Ce que vous ignorez, c'est que le crapaud vous a empêché de parechoquer à mort le motard qui n'a pu freiner à temps sur route mouillée. Deux vies épargnées, celle du motard, et la vôtre, gâchée par une éternelle culpabilité.

Suggestion du jour, à chaque fois que vous râlez ...rien, ne faites rien, mais à chaque scénario de fou que vous construisez pour embellir la catastrophe et vous transformer en héros, faites-vous un compliment, ou un bisou, ou un café, et envoyez-moi les effets sur votre moral. 

Chers Volusiens, Chères Volusiennes, avec tout mon Amour, bonne soirée !

lundi 23 février 2015

Changement climatique

La chaleur était intense, on ne pouvait échapper à la moiteur de l'air. Cette sensation pénible d'être emprisonné dans son corps, alors que notre instinct nous pousserait à nous transformer en autre chose, un serpent, un scorpion, juste pour expérimenter un organisme adapté à ces conditions. Kevin sortit de la yourte et huma cet air qui n'en était quasiment plus. Les anciens nous avaient prévenus qu'ils avaient mis en route un cataclysme. Les plus jeunes nous ont dit que c'était réversible. Et nous, la génération décisionnelle, celle qui pouvait tout infléchir, nous avons laissé faire. Par facilité, par dépit, parce que...

Il avait conscience, comme tous, que les excuses n'étaient que des prétextes, que maintenant, en ce 6 janvier, il n'avait pas eu besoin de four pour cuite la galette des rois. D'une part quelques morceaux de papier aluminium suffisaient maintenant à assurer la cuisson solaire de tout aliment, mais en plus le blé avait disparu. Ça fait maintenant vingt ans que les grains ne poussaient plus dans la terre. Trop de mutation, il a dégénéré. Mais la galette n'était pas le plus important. il ne célébrait plus les fêtes religieuses.

Kevin était enragé contre l'autorité, contre les autorités qui avaient obligé, interdit, légiféré et tenté de juguler cet appel des plus jeunes, cet avertissement des plus vieux. Inconscience ou Alzheimer, ils avaient désinformé les plus crédules. Et maintenant, chacun tentait de s'adapter le mieux possible. Lui rêvait d'être ingénieur dans l'industrie automobile, pour travailler sur les véhicules hybrides. Mais son rêve avait tourné court lors de son premier emploi, quand on lui avait expliqué le principe d'obsolescence. Il avit donné son opinion, il avait été renvoyé avec des menaces à peine voilées. L'objectif n'était pas de sauver la planète, mais de vendre. Il était jeune, il ne savait pas que parfois il convient de se taire.

36°C aujourd'hui, ce ne sera pas le bon moment pour faire des fromages, les chevreaux prendront tout le lait. Les chèvres se moquaient bien du principe d'obsolescence. Il les amène boire une heure par jour, à la source qui n'est pas encore tarie, toute la communauté s'était organisée pour se partager l'eau. Il rêvait d'une belle maison avec jardin et balançoire, il partageait une yourte avec trois familles. Il voulait montrer le Monde à ses enfants, il n'avait pas eu le courage d'en mettre au monde.

Alors depuis cinquante-deux ans il regarde passer sa vie. De temps en temps, des gens de la ville viennent s'installer avec eux, pour ne pas mourir, et ensemble ils contemplent ce monde qui s'écroule, ce monde qui renaît.


jeudi 19 février 2015

Le bâtisseur

Il était une fois un sylvain courageux. Vous connaissez les sylvains, ces créatures qui bâtissent les forêts, les entretiennent, et évacuent les végétaux qui abusent de leur place. Ces petits lutins passent toute leur vie à garder un semblant d'ordre dans nos forêts.

L'un deux était particulièrement actif : toujours prompt à faire son travail, on lui donnait les plans de demeures, et lui les exécutait sans la moindre hésitation, sans le moindre doute. Les plans lui étaient donnés, et il agissait. Il avait ainsi logé des milliers d'écureuils, des chênes, des oiseaux, des châtaigniers, des étangs, car tout ceci demande à être implanté dans le bon cadre, au bon endroit.

Mais comment faisait-il ? Et bien il utilisait la branche magique qu'il portait sur son dos, dans un carqois. Grâce à cette branche, il plaçait et déplaçait les éléments dont il avait besoin pour créer la demeure.

Un beau jour, alors qu'il avait reçu des plans comme à son habitude, il commença à ressentir de violentes douleurs dans le dos. Il souffrait, souffrait … mais il commença par taire son problème et se concentra davantage sur sa tâche. Et bien sûr il arriva rapidement ce qui était évident : cette douleur insupportable l'empêcha complètement de travailler.

Alors il alla voir les arbres guérisseurs qui lui répondirent : On ne peut rien pour toi, toi seul a la clef. Il alla posa la question à son animal fétiche, une chouette sage et posée qui lui répondit : On ne peut rien pour toi, toi seul a la clef. Il demanda à la Terre de lui donner des éclaircissements, il s'entendit répondre : On ne peut rien pour toi, toi seul a la clef.

Notre pauvre petit sylvain était déçu, en colère, et surtout désespéré. Il n'y avait donc aucun moyen d'aller mieux, et la douleur se faisait de plus en plus vive. Alors il décida d'aller tâter lui-même cette douleur dans le dos, quitte à redoubler encore son intensité. Il n'en était plus à ça près. Il se contorsionna, se tordit dans tous les sens, puis utilisa tout simplement un miroir pour observer son dos.

Que ne vit pas notre brave ami : un carquois trois fois plus gros supportait une branche magique triplement plus puissante. Et bien je comprends pour quoi j'avais mal, en effet, le cadeau est de taille, mais pourquoi donc en ai-je hérité ? La question resta sans réponse jusqu'à ce que, soulagé du poids de l'incompréhension, notre héros se remît au travail. C''est en observant les plans qu'il venait de recevoir qu'il compris le sens de cet étrange cadeau. En haut des plans, au lieu de voir écrit « demeure de ... » il y vit : « Temple de... ».


Notre sylvain avait eu une promotion.

mercredi 18 février 2015

Je suis une reine

    Chers et bien aimés Volusiens, Chères et bien-aimées Volusiennes,

    Aujourd'hui je suis une reine. Je me suis levée comme un reine, j'ai adopté une statique de reine, le dos bien droit, le port altier, la démarche glissante. Ma couronne était fermement posée sur ma tête et j'ai croisé tous les passants dans la rue avec le sentiment de leur devoir Amour, Respect et Protection.

    Le plus difficile a été de convaincre mon cochon d'Inde, Béni soit-il, de me préparer une royale collation, celle-ci étant servie par ma royale lapine, Bénie soit-elle. Bon, en toute honnêteté, ça ne les a pas fait beaucoup rigoler quand je je les ai tranformés en laquais et soubrette, mais bon, je suis une Reine magicienne, et il faut bien s'en accorder. D'autant que les veinards en ont profité pour me boulotter tous les légumes de la semaine, équipés qu'ils étaient pour ouvrir le frigo (une fois n'est pas coutûme).

    J'ai ensuite royalement fait les courses, mes Bien Chers, vous auriez vu avec quelle digne prestance j'ai acheté du papier toilette et des poires, de quoi intimider Dark Vador en personne.

    Ensuite, en tant que reine, j'ai expédié les affaires du Royaume : j'ai donc décidé de deux ou trois petites choses quelque peu intéressantes, entre autres à partir d'aujourd'hui je bannis les découverts bancaires, je déclare autorisée la consommation de jus de brocolis à toute heure du jour et de la nuit, et je flanque hors du royaume tout ce qui peut s'apparenter de près ou de loin à quelqu'un ou quelque chose qui empêche le Royaume précité de s'étendre à l'iiiinnnnfiniiii ! (à prononcer de manière grandiloquente).

    Un édit a été donc prononcé faisant la chasse aux monstres de papiers (cf texte précédent), ils sont partis penauds, et bon nombre d'entre eux se sont reconvertis en créativité délirante. En cela je les accueille.

    Un autre a banni les personnages armés d'objets coupants, ceux qui amputent une partie du royaume et en empêche la cohésion, je parle bien sûr des culpabilités. Le bûcher a été rétabli pour ces sales monstres pleins de confusion. Pour ceux qui recherchent le pardon, et bien grâcions-les, mes Gens, grâcions-les.

    Les colères sont également menacées, exceptions faites de celles qui permettent de maintenir un peu de chaleur dans les foyers, et donc qui servent le bien du royaume.
Quand aux peurs, elles ont d'une part l'obligation de se montrer en plein jour - ah ah ! Elles ne sont pas habituées, les bougresses - et d'autre part, la nécessité de disparaître ou de se transformer en courage.

Bon, et bien il est tard, et mes yeux royaux se ferment. J'ai bien travaillé.
Demain, je m'attaque au conflit israelo-palestinien et à la Corée du Nord. Y en a-t-il pour m'aider ?
Bonne nuit mes Bons,


Ma Majesté Caroline, reine de Ma Vie

mardi 17 février 2015

Choix

S'il est des choix difficiles dans la vie, on peut dire que celui de la profession est des plus importants. Dis-moi, mon petit, que veux-tu faire plus tard. Le petit Gibus en puissance nous répondra qu'il veut être pompier, président du monde, ou marchand de brouette pour jouer à la brouette toute la journée. La petite Martine des albums voudra être coiffeuse, esthéticienne, ou encore star.

En fait, tous les choix des enfants se tournent vers une puissance infinie. Je crois qu'au dernier recensement dans ma ville, on notais plus de 2500 futurs tyrans mondiaux et bien 23000 pompiers, gendarmes et sauveurs de chiens maltraités. Chez les garçons prédominent l'envie de secourir ou de régler les conflits. Après tout, en Tyrannie, il n'y a pas de conflit, surtout quand on a 5 ans.

Les filles tiennent par-dessus tout à embellir les gens, ou la vie : le principe d'une star est tout de même de pourvoir du bonheur, les esthéticiennes et les coiffeuses s'occupent des autres et les font rayonner.

Tous pensent à jouer : acteur, essayeur de jouets, ou vendeur de brouettes. 

Alors je voudrais juste qu'on m'explique pourquoi c'est le bazard absolu sur Terre, alors que si l'on écoute tous les citoyens de moins de huit ans, tout le monde a droit à la beauté, la sérénité, la joie et la sécurité.


Soyons lucide, si on laissait les enfants conquérir le monde, il irait beaucoup mieux !

lundi 9 février 2015

500 !

Et bien oui, mes très Chers Amis Volusiens, oui, votre humble servante à la plume fébrile (et au clavier tiptipeur) vous l'annonce : Aujourd'hui, à 20h36, nous célébrons la cinq-centième visite de ce blog à caractère inutile, plaisant, défoulatoire, et préliminaire à mon prix Nobel de littérature.

Je me prosterne donc devant vous, mes bien-aimés lecteurs, encore que je me pose une question, permettez-moi de vous la soumettre :

Qui êtes-vous ? Je sais que vous savez lire, que vous comprenez le français, et que vous avez suffisamment de temps à perdre pour le passer à vous gargariser d'une sauce d'humour aigre douce aux relents parfois franchement tragiques. Non mais vous n'allez pas me dire que vous vous êtes poilés en lisant Mission accomplie, quand même, où alors consultez, mes Amis, consultez !

Je sais que ma famille prend ce blog pour une anecdote insignifiante dans ma vie, au même titre que ma dernière tarte aux pommes ou un nouveau tee-shirt. Notez que ma fille de onze ans s'est franchement marrée en lisant Galette, il faut dire aussi que j'ai reproduit la réalité toute nue, comme Jean-Jacques Rousseau dans ses Confessions.

Je sais que mes potes l'on vu en moyenne une fois chacun, ont dit : "Ouais c'est cool ton histoire de whisky" (notez que mon premier texte parlait effectivement d'alcool).

Vous êtes donc  a priori des personnes que je ne connais pas, et qui me font l'insigne Honneur de m'accorder leur cerveau pendant quelques minutes.

Alors aujourd'hui, chers Volusiens, Chères Volusiennes, je vous remercie de me lire, et ainsi de me donner l'opportunité de faire ma grosse crâneuse auprès de famille et amis indifférents à ma plume à qui je pourrai jeter mes cartes de visite à la figure :

Caroline
écrivaine

Faudra quand même qu'un jour vous me disiez ce que vous en pensez.

Je vous embrasse généreusement, bande de lecteurs !

PS à l'attention du chef d'édition de Gallimard : je suis disponible pour signer chez vous si vous insistez vraiment.


Le monstre de papier

S'il est des bestiaires des plus intéressants, à ma (ridiculement petite) connaissance, je n'en connaît guère qui traite d'un monstre tueur sévissant sous nos latitudes.
Chers Volusiens, Chères Volusiennes, vous avez tous eu affaire à ce monstre un jour ou l'autre, ou plutôt une nuit ou l'autre.

Vous savez, ce monstre qui se dilate lorsque l'on ne l'affronte pas... Vous l'avez tous affrontés d'ailleurs, et ce dès votre enfance. Souvenez vous de vos dimanches soirs en tension, le ventre serré "Zut, j'ai pas fait ma rédac pour demain." C'était lui.
Puis plus tard "Est-ce que j'ai bien renvoyé les papiers pour passer le permis ?", encore lui.

Et durant d'interminables décennies, "Est-ce que j'ai tous les papiers pour les impôts, as-tu payé la facture, je ne retrouve pas le formulaire à rendre pour demain, pour hier, et maintenant c'est trop tard, et je n'y arrive pas, et j'arrête d'ouvrir mon courrier, et je ne vais plus à la boîte aux lettre... "

Ca vous dit quelque chose ? C'est toujours le même monstre,

le monstre de papier

Il est particulier ce monstre, car il fait peur de son absence, et il rassure de sa présence. C'est au moment où l'on s'arme de courage et de patience (beaucoup de patience) qu'il perd de sa force. Bon, j'ai raté la date de l'inscription mais j'ai réussi à convaincre la secrétaire, oups, la facture est payée en retard... mais payée, on ne nous coupera pas l'eau... Le formulaire pour les impôts qui me manque, je peux le fournir plus tard.
Les impôts sont à ce sujet incroyablement compréhensifs, quand on leur explique la situation. A croire qu'ils maîtrisent sur le bout des doigts les conséquences du monstre de papier, à en voir les victimes terrorisées tous les jours de l'année.

Au moment où votre humble servante vous écrit, elle est aux prises avec ce monstre. Et bien sûr elle ne l'affronte pas, elle se contente avec une familière lâcheté de le décrire. Et les arguments ne manquent pas :

- On est dimanche, je ne vais rien faire un dimanche, et puis les administrations sont fermées. Un point pour votre Dévouée.
  • Tu rigoles ? Les courriers papier et internet, tu peux très bien les faire ce soir. Un point pour ma conscience.
  • Oui mais (ah, les délices du oui mais) du coup j'en profite pour écrire, ça m'inspire. Deux à un, et toc.
  • Prends-moi pas pour une andouille, tu as les chocottes et c'est tout ! Match nul, très très nul. Et puis tu vas voir cette nuit si ça t'a aidé d'écrire. Trois à deux.

    Jeu, set et match.


dimanche 8 février 2015

Mission accomplie

Ma tendre beauté,
S'il est des moments où je suis tout impatient de te retrouver, celui-ci est particulièrement porteur de désir et d'espoir. Je t'imagine dans ta petite nuisette bleue, au saut du lit, les yeux embrumés de sommeil et le coeur tout doux, prêt à donner tout ton amour à chaque être qui traversera ta journée.
Je te vois flotter comme sur un nuage généreux vers la cuisine pour préparer cette savoureuse tasse de café, que tu sais si bien agrémenter de toute la patience et toute ton attention. Ah, ce café...

Je te crois volontiers capable de demander à tes plantes si la nuit a été bonne, si elles ont besoin d'eau, ou de musique, mon cher être d'amour pur.
Moi je continue ma mission, il comptent beaucoup sur moi, tu sais, pour extraire les derniers parasites. Hier le Général en Chef en personne, je dis bien en personne, est venu me féliciter et m'a proposé un poste que je crois bien lourd de responsabilités, il faut nettoyer une autre zone, plus large et plus conséquente, il s'agit, selon ses dires, de la mission de ma carrière. Il m'a laissé entrevoir une éventuelle retraite anticipée, et un retour sur Terre qui nous permettrait enfin, mon amour, de concrétiser notre union et d'élever ensemble l'enfant qui grandit en toi.
Le mois dernier a été finalisée la dernière expérimentation sur le protocole de déparasitage X24. Tu peux être fière de moi, j'en suis le principal acteur. Le feu vert a été donné pour sa mise en service. Je ne peux t'en dire plus, ma Bien-Aimée, le reste est classé top-secret.

Je t'aime comme un fou, et fais de mon mieux pour que la mission soit un succès et permette enfin nos retrouvailles.
Hugo
Mon Général,
Toutes les conditions sont réunies pour le déparasitage, la zone est sous contrôle, notre déparasiteur est prêt. Comme le prévoit le protocole, la solution mêlée à l'eau va mettre tous les Terriens en état de somnolence, et les plantes mutées dégageront ensuite pendant six jours des gaz toxiques.

Si nos prévisions sont bonnes, les Terriens devraient être totalement erradiqués en moins de quatre jours. La planète Terre sera alors disponible pour la colonisation.

Colonnel  djklrqws

mardi 27 janvier 2015

Crack boursier

Les deux associés étaient assis en salle de réunion, l'air grave. Ils contemplaient les dernières statistiques de la bourse, recherchaient entre les chiffres des indicateurs d'espoir qu'ils ne trouvaient plus. 
"Voilà, cent quarante employés à renvoyer, c'est fini mon Jojo.
- C'est fini, il n'y a plus rien à tirer de cette boîte, elle est bel et bien morte, mon Doudou."
Ils se levèrent, éteignirent le vidéoprojecteur qui affichait leur détresse en quatre par trois, et quittèrent la pièce. 
-Je ne comprends pas, le plan financier était en béton, on a demandé aux plus grands spécialistes, il aurait fallu un armageddon pour abattre le bilan de l'année dernière. Que s'est-il passé ? On avait investi dans les meilleurs services : les services aux personnes âgées, on a multiplié chaque année notre chiffre d'affaires par quatre, c'était un eldorado.
- Et oui mon gars, et réinvestir dans les solutions anti-tabac était une idée géniale, tu te souviens ? On l'avait eue à Magic pizza en novembre 2011.
- Les vacances des familles monoparentales aussi, ça avait eu du bénéfice, on a eu un succès fou en moins de trois mois !
- Alors mon Jojo, comment est-ce que ça a pu capoter comme ça ? Nos ingénieurs, nos conseillers financiers, nos actionnaires, tout le monde suivait, la banque rigolait ...
- Je ne comprends pas mon Doudou, je ne comprends pas."
Il faut dire que ce crack boursier était totalement improbable, les meilleurs économistes du monde avaient été frappés de stupeur devant la rapidité et l'ampleur du phénomène. Nos deux amis rentrèrent chez eux abattus, devant annoncer la terrible nouvelle à leurs familles respectives.
Chacun chez soi, ils annoncèrent la catastrophe à leurs épouses bien-aimées.
Chacune de son côté sourit, rit franchement, et déclara, chacune face à son pot-au-feu :
"Ah, quand même, il est doué ce petit hacker que nous avons engagé. Je lui ai demandé de balancer une saloperie sur votre jeu pour que cette comédie informatique cesse et que vous vous mettiez à trouver un VRAI travail, dans la VRAIE vie. Il serait peut-être temps de vous y mettre, au bout de quatre ans de chômage, tu ne crois pas ? Mange tant que c'est chaud.

jeudi 15 janvier 2015

Le démon de midi


Bon, la crise de la quarantaine, les hommes en mal de chair fraîche, voilà ce que nous savons du mal-être de toute une population arrivée à la moitié de sa vie. Si la moitié de votre vie s'est barré avec la secrétaire : crise de la quarantaine, et il reviendra fissa dans les rangs dès qu'il aura repris ses esprits parce que l'autre est forcément une belle garce qui n'en veut qu'à ses sous et même qu'il a eu un coup de folie passagère et c'est pas grave, on les comprend ces pauvres hommes tout fragiles et tout, même qu'on leur propose de faire leur linge, à ces hommes qui vivent seuls un moment tellement on les prend pour des incapables.

Alors là je dis STOP. Je condamne au silence l'expression de démon de midi, tout d'abord parce que les démons n'aiment pas trop les coups de soleil, ça leur rappelle la maison, et ils sont là pour prendre des vacances, que diable (que je salue au passage.) et ensuite parce que précisément ce n'est pas un appel démoniaque mais divin : voyez un peu cette personne, homme ou femme, qui a construit une vie bien sage, avec métier, famille enfants, maison à rembourser pour trente ans, poisson rouge, cochon d'Inde et Belle-Maman deux fois par mois. Ah mais attention, cette vie est formidable, le couple va au cinéma, invite des amis, et joue à la belote. Puis progressivement s'installe un inconfort intérieur, "pourtant j'ai tout", se diront ces trentenaires ou quadragénaires. L'inconfort devient mal-être, puis angoisse, et enfin, si c'est impeccablement étouffé par le cerveau qui réfléchit, une bonne grosse dépression de derrière les fagots.
La crise de milieu de vie touche les hommes ET les femmes. Mais ça se voit moins pour des raisons sociologiques que j'ai un instant pensé à inventer, mais au final, non.

Décryptage de Dominique, prénom volontairement androgyne. Prenons Dominique au stade de l'angoisse profonde, et avant la dépression. Sa moitié lui répète qu'aimer quelqu'un comme ça c'est franchement pas rigolo, et que ça devient super lourd de cohabiter, et sort la phrase qui tue : "Prend sur toi". Domnique va confier à un proche : "j'ai envie de tout plaquer, j'ai vraiment l'impression que ma vie est une erreur de casting. Je ne sais plus ce que je fous là." Le proche en question peut soit être passé par là et être revenu dans le droit chemin "prend sur toi et sois raisonnable", ce qui est comparable à un assassinat psychique, (le proche ne s'en est pas tiré, faudrait pas que Dominique s'en sorte, non plus). Ou alors il n'est pas passé par là, et dit doctement "je sais ce que c'est, c'est dur, tu verras, tu reviendras à la r/maison, consulte". 

Désemparé, Dominique va chercher et se chercher certains vont se jeter dasn les bras d'une personne qui leur donnera ce regard qu'elle ne peuvent se porter elles-mêmes, d'où les infidélités.

La souffrance de notre ami(e) devient insoutenable, la tension monte en lui, et il/elle se découvre un beau matin une passion pour l'ébénisterie. Dominique revient à la vie, la famille vit au rythme sonore et financier de la machine à bois et des heures passées à fignoler un bout de bois. Le conjoint s'agace, mais au final, sa moitié va mieux. On supporte.

Cependant il faut se rendre à l'évidence, à chaque fois que Dominique se rend au cabinet comptable qui l'emploie, ses tripes se serrent, son cerveau s'obscurcit, son moral dégringole comme le cours de la bourse un jeudi noir.

A table, Dominque énonce sa volonté de démissionner pour se consacrer à sa passion. Jugement, délibération, exécution. Hors de question parce que le crédit, les enfants, le regard des voisins, et en plus t'es plus comme avant (ce qui évidement dans ce cas-là est une critique). Famille un, désirs profonds zéro.

C'est là que la dépression s'installe.

Choix 1 :Plusieurs arrêts maladie plus tard, Dominique revient à la raison, il finit par abandonner sa passade, la machine à bois (ou la baby-sitter), son regard s'éteint. Il est mort.
Choix 2 :Plusieurs arrêts maladie plus tard, Dominique pose sa volonté, et dira "C'est pour pas crever". Il/elle vit sa passion. Il/elle VIT.


La crise de milieu de vie est un appel à vivre ce qu'il y a de plus beau en nous, ne l'étouffons pas, ni chez nous, ni chez ceux que nous aimons.

vendredi 9 janvier 2015

Les rêves d'Eva

Face à sa porte, Eva hésita. Elle avait encore la possibilité de fuir, d'attraper un métro au hasard, un train, un avion. Elle pouvait, avec sa carte bleue, son rouge à lèvre et son courage, remettre à zéro le déroulement de sa vie. Elle pouvait trouver un poste, n'importe lequel. Elle avait toujours eu du travail comme elle le voulait, elle savait faire basculer la décision d'embauche en son sens.

Elle se voyait jeter son téléphone portable dans la boite aux lettres de l'appartement avec les clefs, laisser la porte de l'immeuble chic claquer bruyament derrière son dos, enfermant en lui tant d'espoirs déçus, l'attente d'un amour qui, elle le savait, ne viendrait plus au bout de vingt ans de mariage, la reconnaissance de son existence, elle qui passait comme une ombre dans la vie de son mari, de ses enfants.

Elle imaginait si bien son départ, sans retour possible, une nouvelle Eva qui se construit sur ses propres bases, qui n'attend plus rien des autres ; elle ne serait plus mère, ni femme de ménage, ni infirmière, ni épouse qui prend soin de son mari, elle ne serait plus réduite à ce cri "maman" qui était devenu une exigence avec le temps.

Au fur et à mesure des années, ses rèves s'étaient atténués. Elle qui révait d'élan passionnés, elle n'avait eu que la tiedeur conjugale d'un mariage arrangé. Ils vivaient en bonne intelligence, mais elle, elle l'aimait à la folie. Elle avait ensuite espéré dormir avec lui, puis être embrassée, et enfin, elle révait simplement d'un regard amical. Voilà où en étaient ses rêves : un regard amical de son mari.

Face à la porte, figée, elle balançait entre entre ces deux décisions, ou plutôt entre cette décision et ce non-choix qui avait déroulé la moitié de sa vie dans une boite de quelques dizaines de mètres cubes. Elle imagina, pour le plaisir d'y croire, la surprise, l'affolement, puis la détresse de son mari, elle voulut le croire passionné d'un amour perdu, il verrait bien, alors, la perle, la merveille, la Vénus qui avait été sa femme !

Non, c'est encore attendre quelque chose de lui.
Alors que ses entrailles hurlaient à la fuite, son cerveau torturé refusait désormais de lui montrer les possibilités d'une vie nouvelle. Entre les deux le dialogue était impossible, il lui fallait départager les deux voix !

Puis elle se décida. Elle entra dans la boîte de quelques dizaines de mètres cubes, elle posa ses clefs sur la tablette de l'entrée et elle dit à son mari et à ses enfants qu'elle les aimait.


Elle quitta la maison sans un mot de plus, et sans ses clefs. Des deux voix qui hurlaient dans son corps, elle avait choisi celle du milieu, celle du coeur.

dimanche 4 janvier 2015

Fêtes

C'est bientôt noël, ce sont les fêtes.

Il est fort cocasse de constater que ces deux simples phrases peuvent revêtir diverses colorations selon la personne qui les exprime

A. Oh moi, tu sais, j'ai pas ma fille pour Noël, alors je vais pleurer un bon coup, et ça ira mieux dès l'Epiphanie. Non, ce n'est pas dramatique, un sale moment à passer, et on n'en parle plus. Pour le premier de l'an ? Ah là, j'ai ma fille, alors je ne sais pas du tout ce que je vais faire, mais en tout cas, ce sera avec elle. La famille, tu sais, on n'est pas très famille, dans ma famille, alors les repas festifs, c'est souvent à trois en comptant le cochon d'Inde. Note que je ne me refuse rien. L'année dernière, je me suis même fait un magret entier pour moi toute seule. Chaque année je perds un ou deux kilos pour les fêtes, ben le stress. Enfin, c'est l'histoire d'une grosse semaine quoi ! J'attends surtout les soldes de janvier pour m'amuser un peu !

B. Nous par contre, on va voir la famille de Jérôme pour le 24 au soir, et la mienne pour le 25 à midi. Ca va être le marathon bouffe ! Du coup, on fait un peu attention avant les fêtes parce que c'est foie gras et alcool à tous les repas, je te raconte pas le foie. Cette année, ma belle-mère a décidé de faire un chapon aux truffes. Alors les enfants sont couverts de cadeaux, c'est bien simple, l'année dernière tout n'est pas rentré dans la voiture. On sera au minimum 14 à table, chez nous, on se réunis tous sans manquer au rendez-vous.

C. Moi les fêtes, m'en fous complètement.

A. Bon, et bien ça ne s'est pas trop mal passé, vu des copines pour Noël, et ma fille m'a littéralement arrosée de textos, ça fait du bien. Et pour le premier de l'an, j'étais avec des copines, on s'est marrées comme des baleines, et on a bouffé à s'en faire péter la sous-ventrière. Au final, ça allait.

B. Oh ne m'en parle pas, ma mère m'a encore dit que j'avais grossi, mes belles-soeurs, quelles garces, elle n'ont pas arrêté de me critiquer. Ensuite c'est l'oncle Gégé qui m'a fait comprendre qu'il était hors de question que je, récupère le terrain que je convoitais, et on a encore remis sur le tapis le partage des meubles de Mémé, et surtout l'armoire que j'ai emportée. Tous les ans c'est pareil. En plus Jérôme était complètement pété, et Lucas a vomi tout son repas. Quel horreur ce réveillon !

C. Moi les fêtes, m'en fous complètement.
Fête :

Solennité religieuse ou cérémonie commémorative.
  • Jour consacré à la mémoire d'un saint considéré comme le patron d'un pays, d'un groupe, d'une profession ou dont une personne a reçu le nom comme prénom.
  • Réjouissances publiques destinées à commémorer périodiquement un fait mémorable, un événement, un héros, etc. : Fête nationale du 14-Juillet.
  • Réjouissances, festin, bal offerts par quelqu'un en l'honneur de quelque chose : Organiser une fête pour un anniversaire.
  • Partie de plaisir : Une nuit de fête.
  • Toute cause de vif plaisir : Ce spectacle est une fête pour l'esprit.


Galette

Chers enseignants, chères enseignantes,

Je me présente, Caroline, la maman de Maylis, l'adorable petite puce de sixième 2.

Aujourd'hui je vous ai fait une galette des rois. N'allez à aucun moment imaginer que ce soit de la pure charité de ma part, loin de là, ceci est un savant calcul qui arrange la seule personne qui ait vraiment de l'importance à mes yeux : moi !

Voyez-vous, j'étais tranquillement en train d'effectuer un comparatif des mérites du thé parfumé accompagné de couronne des rois et du bon blockbuster à effets spéciaux aussi impressionnants que l'indigence scénaristique (en fait il s'agissait de tortues qui protégeaient une journaliste capable de taire le plus grand scoop de sa vie, on nage en plein délire !) quand soudain, là, sans prévenir, abruptement, d'un seul coup, ma Petite Chérie me sort pour la trente-septième fois : "Maman, je voudrais faire un gâteau pour la salle des profs", euh, pardon, "des professeurs". Je lui réponds, telle une mère responsable, qu'elle ferait mieux de se taire parce que là il y a Rafaello qui va sauter du camion pour exploser la jeep des méchants, et que c'est autrement plus important, que diable !

L'enfant répond que quand-même, et elle ose sortir l'Arme, entendez par là un regard à mi-chemin entre le chaton en corbeille du calendrier des pompiers et le regard perdu et désespéré que l'on peut retrouver dans les descriptions de Zola et le téléthon. Je tente de lui expliquer qu'il faut faire les choses dans l'ordre et aller au bout de ses idées et que donc tant que le rat Ninja n'a pas collé une pile à l'horrible Schreider, elle peut aller se faire cuire une galette.

Fin du film, donc du prétexte. Faut dire que c'était le troisième de la journée, mais vous en avez beaucoup, vous, des activités un dimanche après-midi pluvieux de janvier ?

Je me suis ensuite longuement interrogée sur la nécessité d'encrasser la cuisine. Réfléchissons : qu'aiment les professeurs ? Le café et les photocopieuses qui fonctionnent bien. Allons donc chercher une friandise qui peut remplir les deux fonctions ; il faut que ce soit plat pour rappeler la photocop' et savoureux comme la tasse de petit noir qu'on va se chercher après s'être mangé les quatrième B, parce que "ils m'ont vidée ces petits crapauds, vivement les vacances, la retraite, la sieste et vendredi soir, et si possible, tout de suite, et vite un café, ça va me calmer !", le tout accompagné d'une main tremblotante au calme susnommé quelque peu aléatoire et d'un cartable de trente-cinq kilos d'espoir pédagogique.
La galette réjouira les professeurs de ma Doudouille adorée. Par ailleurs, une galette a tendance à se reproduire, selon la bonne vieille coutûme qui veut que "celui qui fait son crâneur en ayant la fève sera puni du châtiment d'une autre galette", ainsi, le plaisir se prolonge. Ils seront donc plus heureux et aptes à transmettre un savoir nécessaire au développement intellectuel de la Chair de ma chair, de fait ma Pupuce apprendra mieux tant il est vrai que prof content élèves apprendants, elle pourra ensuite faire des hautes études, devenir prix Nobel du monde et m'offrir une retraire dorée avec carte bleue illimitée et cuisine équipée.

L'affaire est faite, réalisons cette galette.
Ce n'est que le premier paquet de pâte feuilletée ouvert qu'elle me déclara avec un sourire à désarmer l'Irak "En fait, j'ai pas trop envie de t'aider", et fila, la monstrueuse cacahuète, jouer avec son lapin.


Il s'en fallut de peu que vous ne mangeassiez de la tourte au lapin.